Disons le tout net, avec ses 258 KM et 6400 M de D+, le Défi des Fondus de l'Ubaye, est clairement une des épreuves alpines les plus difficiles du calendrier !
Attiré par ce challenge, nous voici parti pour Barcelonnette, et un week-end dans les paisibles Alpes du Sud. Entre les cols de haute altitude, le charme suranné des stations du Sud, et les paysages lunaires baignés par la canicule de cette fin Juin, le dépaysement fut total !
Une Panda 4x4, un toit terrasse, et un Jacques Martin Sport...toute une ambiance qu'on adore !
Plus haut....la fameuse Cime de la Bonette à 2860 M, et la plus haute route d'Europe qui en fait étrangement le tour.
Et les paysages lunaires des Alpes du Sud...tout aussi étrangement traversés par des routes
L'esprit du Défi
Le Défi est organisé par l'association éponyme, avec la double ambition de proposer un challenge sportif de tout premier plan, et de reverser une grande part des inscriptions au profit de la lutte contre la Mucoviscidose.
En pratique, cela se traduit par une organisation bénévole et passionnée, qui a coeur de faire découvrir sa magnifique vallée de l'Ubaye dans des conditions optimales. Le nombre d'inscription est donc limité à 300. Il a d'ailleurs été presque atteint pour cette quinzième édition, avec 289 partants, dont 120 sur le plus grand parcours. Enfin, le format n'est pas officiellement une course, et se situe entre la cyclo et le brevet, avec un départ en ligne, sans chronométrage, sans classement, mais avec tout de même des pointages et des horaires d'arrivée. Des paramètres, qui, combinés garantissent bonne humeur et fair-play sur la route. Ajoutons que, vu l'ampleur du parcours, il ne faudra pas compter sur l'abri d'un peloton, ni même d'un gruppetto pour traverser les moments durs...Bref, loin des grandes cyclos aux milliers de participants, et aux sas de départ saturés, le Défi offre à ses participants une organisation sans stress, à l'image de la vallée de l'Ubaye.
Samedi presque 5H30....
C'est donc à 5h30, (enfin 5h42 pour être exact) que s'élancent les prétendants aux grands parcours, qui monteront successivement au Col de Vars, à la station de St-Anne, au Col de la Bonette, puis, après être redescendus à Barcelonette, au Col de la Cayolle, au Col d'Allos, à la station de Praloup, et enfin à celle de SuperSauze !
Le départ matinal permet aux meilleurs d'avaler la première partie du parcours avant l'arrivée de la chaleur. Ainsi les premiers atteindront le col de Vars en 1h20 minutes, puis la mythique Cime de la Bonette, plus haute route d'Europe à 2802 m, avant 10 heures, ayant ainsi déjà avalés la moitié du D+.
Si la montée fut calme et sereine, la descente de la Bonette en fin de matinée s'avéra clairement le point noir de l'épreuve. Au flux des cyclistes montant et descendant s'ajoute une circulation grandissante de motos et de voitures de sport défendant âprement et bruyamment leur part d'asphalte. Entre la fatigue des uns, et les dépassements hasardeux des autres, les frôlements se succèdent sur les 1500 mètres de descente, et c'est un soulagement de retrouver la nationale à Jausiers ! Même s'il n'y aura qu'un seul accrochage sérieux à déplorer, beaucoup ont dû être évités de justesse.
Conseil Bison fûté : si vous aimer l'air pur et le calme des alpages...éviter la Bonette après 9h du matin
De retour à Barcelonnette, le plus dur commence réellement. ll faut noter que le nombre de cols est modulable, en cours de route, en pas moins de 5 formules de 1 à 7 cols. Et comme pratiquement chaque col se fait en aller-retour depuis Barcelonnette, la formule offre tout autant la liberté de poursuivre...que la tentation d'arrêter. Aussi après un ravito solide bien mérité, il faut trouver la force de s'y remettre, car la journée ne fait que commencer.
Même si ce n'est pas une course...il va sans dire que les premiers mènent bon train
Pour l'après-midi, c'est donc La Cayolle et Allos sont qui sont donc au programme. Deux belles montées en soit (respectivement 1191M et 1027M de D+), mais qui, avec les 42°c enregistrés dans la vallée, prennent une autre dimension pour cette édition 2017. À ce stade les participants se retrouvent souvent seuls, ou parfois en petits groupes de deux ou trois, cherchant leur rythme dans la chaleur lourde de l'après midi. Ces deux cols feront des dégâts, et occasionneront nombre "d'abandons", ou plutôt de déclassement dans les options inférieures.
Les lacets médians et plutôt aimables du Col de la Bonette
La fournaise de la longue route du Col d'Allos (19 KM)
Après le "crochet" par la station de Praloup (400M de D+) dans la descente d'Allos, il ne reste plus, si l'on ose dire, qu'à traverser à nouveau Barcelonnette et enfin rejoindre la station de SuperSauze. Au KM 240, les finishers se heurtent à la brutalité des 12% des contreforts du Sauze. Si les premiers sont arrivés ici en fin d'après-midi, les valeureux finishers du soir rencontreront en plus un violent orage dans cette dernière difficulté, si près du but...le tout dernier bouclera son défi peu après minuit, mais largement avant la limite des 24 heures.
à 6KM du but....la course contre la nuit et l'orage.
A la sortie du Sauze, KM 240/258...l'inévitable orage s"abat sur les rescapés du défi dans leur dernière ascension.
Même si le défi est présenté, à juste titre, comme un challenge personnel et "non compétitif", nous ne pouvons pas ignorer quelques performances individuelles, extra-ordinaires...Entre autre, nous saluerons Antoine Dodeller, le plus jeune finisher des 258 KM en 14h17....et pas encore 18 ans !Le premier homme, Fabien Oules, habitué de l'épreuve qui a fait cavalier seul en 10h34, et bien sûr la première femme, Marilyne Teixier, également remarquable de régularité en 12h17.
Fabien Oules, "vainqueur" du Défi. Malgré la canicule, il bouclera seul les 258KM en 10H34.
Une expérience quasi-méditative
Si l'on excepte le danger le la descente de la Bonette, il n'en reste pas moins que le Défi est magnifiquement organisé, et se déroule dans une ambiance particulièrement apaisée et conviviale, à mille lieux de l'excitation des grandes cyclos. Les parcours de 2700 mètres, 3800 mètres, 4300 mètres et 5400 mètres de D+, sont autant de tests intermédiaires pour les moins aguerris, et de façons de découvrir les plus beaux cols de l'Ubaye, en un seul week-end.
Quand au défi des 7 Cols...il dépasse tout de même le cadre de la simple contemplation, pour atteindre celui de la méditation. C'est effectivement un challenge très sérieux, tant sur le plan physique que mental, et sans aucun doute un grand achèvement pour la majorité des participants.
Mais le Défi semble offrir encore plus qu'il n'exige : les finishers repartent de l'Ubaye dans un état de décontraction quasi méditatif. Sans exagération, à observer leur calme détermination sous l'orage, ou l'apaisement général durant la cérémonie de clôture, il est clair qu'ils ont largement dépassé, usé et transcender tous les poncifs de notre société sur le dépassement de sois.
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