Texte : Amaël Donnet
Images : Amaël Donnet & Vincent Becqué
Dans nos montagnes, l’hiver 2017-18 s’avère étrange. La météo est incertaine dans ses choix, elle n’arrive pas à se décider. On passe de l’automne à l’hiver, puis au printemps, le tout dans le désordre. Le soleil et la douceur bataillent contre quelques coups de froid. A la mi-janvier, l’ambiance est printanière. L’occasion fait le larron, nous profitons de cet interlude pour faire découvrir notre région à Nicolas. A la question, route ou gravel, la réponse fut sans appel en faveur de ce dernier. Les sentiers sont un poil grassouillet, cela rajoutera du piment à la sortie.
Le rendez-vous est donné à mi-chemin sur la route menant de Bex à Villars. Cette ascension est régulièrement empruntée lors du Tour de Romandie. Du Chêne, un petit hameau surplombant la vallée du Rhône, nous bifurquons très rapidement dans les vignes pour emprunter un petit sentier. Des vignes, en Suisse ? Dans cette contrée cela ne date pas de hier, la viticulture a été lancée à l’époque romaine. De nos jours 14’793 hectares de vignes recouvrent la Suisse. L’axe principal se trouve concentré le long du Rhône et sur les bords du lac Léman, ces terres représentent le 68% de la production helvétique. La production totale n’arrive à satisfaire qu’un tiers des besoins du pays.
Du Chêne, nous rejoignons le Bouillet via une petite montée et une courte descente. Faisant partie de la commune de Bex, ces lieux abritent une mine de sel active depuis plus de cinq-cents ans. Nicolas de Graffenried, un envahisseur bernois, alors gouverneur de la région, a lancé en 1544 l’industrie du sel. La première galerie sera creusée en 1684.
Après un bref passage sur le bitume, nous remontons à travers un vignoble sur Antagnes. Puis nous filons à flanc de coteau en direction d’Ollon. Ce village abrite un des plus célèbres cyclistes suisses. Laurent Dufaux a terminé deux fois quatrième du Tour de France, il a également remporté le Dauphiné Libéré, le Midi Libre, le Tour de Romandie et des étapes sur la Vuelta et le Tour de France.
En direction d'Antagnes, c'est le printemps... en Hiver !
Le charmant village d'Ollon
J’ai une petite idée qui me trotte en tête. Au lieu de rejoindre directement le fameux Sentier de Provence, nous allons faire un détour afin tenter une montée «impossible». L’approche se fait sur une pente de 25%, ensuite ça passe à 37% et la fin se montre tout bonnement folle… Limite irréel ! Malgré deux tentatives, personne ne vaincra le mur. Les roues glissent sur un béton rainuré. Malgré tout, Nicolas apportera un nouveau record de longueur sur cette bosse.
Les premières pente de la bosse infernale !
.Ce petit jeu terminé, le dessert est pris sur le Sentier de Provence. Bien que très court, c’est vraiment plaisant. Virevoltant à flanc de montagnes, le chemin offre une vue magique sur la plaine du Rhône. Le printemps et l’été, il est très fréquenté par les marcheurs. On évitera donc de l’emprunter à ces périodes. Mais là on est en hiver, alors on en profite ! Vincent Becqué nous avait accompagnés en début de sortie, mais ses jambes et son vélo rendent les armes. RIP mec !
Le Sentier de Provence avec en toile de fond les Dents de Morcles
Arrivé au lieu nommé Plan d’Essert, il s’agit de gravir trois kilomètres sur l’asphalte, d’en rajouter deux sur un chemin 4X4 avant de basculer sur un sentier plutôt lisse, mais pentu et très, très tortueux. Les virages ne se passent qu’en mode nose-turn. Sans cela, on ne vire pas. Je pars confiant, erreur… C’est gras, les roues se dérobent. J’espère trouver un appui dans le premier virage en m’appuyant sur deux marches. Je le savais, mais il fallait tenter quelque chose. Le bois mouillé ça ne tient rien. Après un premier salto dans les ronces, je m’octroie quelques tête-pieds. Je remonte, non sans mal, le talus.
Cette cascade nous a servi de leçon, n’ayant pas envie de nous briser les os dans un endroit peu accessible par les secours, nous regagnons notre point de départ sur un itinéraire plus sage. Chose qui nous ne ressemble pas trop, mais parfois il convient d’avouer ses faiblesses. Nous ne sommes pas des dahus !
Après les cascades, nous terminons la boucle en douceur. Le Grand Muveran se dresse devant Nicolas.
L’avis de Nicolas Roux sur ce tour : «Ce vendredi 12 janvier j'ai eu la chance de découvrir des endroits splendides situés au milieu des vignes et au pied des montagnes. C’était un parcours de gravel vraiment agréable, ludique, joueur, envoutant, le temps est passé tellement vite ! Je vous recommande vivement d'aller faire un tour du côté de chez Amaël.»
Longue d’environ vingt-six kilomètres, pour un dénivelé positif avoisinant les mille mètres, cette boucle est parfaite pour ceux qui possèdent les cannes et un bon coup de guidon. Notre trace Strava
Interview Nicolas Roux
Vélo de Route : Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Nicolas Roux : Bonjour à tous, j'ai quarante ans. Je suis marié et j'ai deux garçons, je pratique le vélo depuis l’âge de 13 ans. Je suis passionné par ce sport dans lequel on trouve une multitude de disciplines. Actuellement je suis ambassadeur pour des marques à la pointe de la technologie comme Canyon et Mavic.
VDR : Au niveau cycliste, quel est ton statut ? Peut-on te considérer comme un professionnel ?
NR : Je ne me considère pas comme un "pro, j'ai monté ma boite de consultant ce qui me permet de travailler dans le milieu que j'adore. J'ai la chance de pouvoir collaborer avec de très grandes marques citées ci-dessus.
VDR : Cela fait vingt ans que tu roules en élite et de nombreuses années en cyclosport. As-tu une préférence entre ces deux types d’épreuves ? Quelles en sont les grandes différences ?
NR : Après avoir côtoyé les deux milieux, je pense avoir pris du plaisir à chaque moment de ma carrière. Lorsque tu es jeune, la première chose à faire est de gouter à l'ambiance des courses Elites et de savoir à quel niveau tu te trouves, ensuite plus tard avec l’âge tu peux trouver dans les cyclosportives un deuxième souffle pour pratiquer ta passion sur des parcours magnifiques avec des cols et routes que tu ne trouveras jamais en Elite.
VDR : Tu es actif sur route, en VTT et même en gravel. Quand as-tu découvert cette pratique ?
NR : J'ai découvert réellement cette discipline en 2015, lorsque je suis allé aux Etats-Unis pour effectuer une reconnaissance de la Haute Route Rockies, puis avec mon ami Damien Bisetti, c’est un spécialiste du gravel.
VDR : Quel est ta vision du gravel ? Est-ce juste une mode ?
NR : Au début, je pensais que c'était une mode. Mais depuis que je roule en gravel, je trouve que c'est un état d'esprit, on fait partie d'une confrérie. S'évader, partir à la découverte de nouveau horizon, tester des sentiers, rouler chemins sans voitures, c’est la Liberté !
VDR : Peux-tu nous expliquer les choix que tu as fait sur ton gravel ?
NR : Pour ma part j'ai opté pour le Inflite CF SLX de Canyon, Il est équipé d’une transmission Sram mono-plateau et de roues Mavic AllRoad pourvues de pneus Mavic Yksion Allroad de 40mm montés tubeless. L’objectif est d’avoir une vraie machine de guerre qui passe partout, à savoir maximiser la performance sans négliger la polyvalence.
VDR : Nouvelle année, nouveaux objectifs. Que vises-tu en 2018 ?
NR : Pour l'année 2018, rien n'est encore fixé, je suis en discussion avec Mavic et Canyon, pour trouver des choses sympathiques à faire. Sinon, je vais certainement retourner sur le Tour du Mont-Blanc et venir vers chez toi pour rouler le GranFondo Valaisan.
VDR : Un mot pour conclure, quel message aimerais-tu faire passer ?
NR : Mon message est simple. Quel que soit votre niveau, prenez du plaisir et profiter de ces moments exceptionnels que l'on peut vivre sur piste, route, gravel, VTT ou toute autre discipline. La simplicité fait le bonheur !
Quelques liens pratiques
- Pour suivre Nicolas Roux sur les réseaux sociaux, sa page d’athlète page d’athlète et sa page personnelle page personnelle
- Nicolas Roux, du côté de son vélo son vélo et de son équipement son équipement
- Notre essai du Canyon Inflite Canyon Inflite
- Pour visiter les mines de sel de Bex mines de sel de Bex
- La région de notre balade, le Chablais Vaudois d’après Wikipédia
- Pour consulter gratuitement les cartes suisses cartes suisses
- Le portrait de Damien Bisetti, par nos confrères du Temps. C’est Damien qui a réellement fait découvrir le gravel à Nico.
Le Canyon Inflite de Nicolas Roux
Joli tiré de rideau pour une belle journée !