Habituellement, le Cauberg vibre devant les exploits des coureurs de l'Amstel Gold Race, au mois d'avril. En ce début février, c'est le cyclo-cross qui était à la fête sur ls pentes du mont de Valkenburg. 38000 spectateurs se sont déplacés sur l'ensemble du week-end.
Dans la foule, forcément quelques illuminés typiquement dans l'ambiance cyclo-cross, comme ce spectateur qui a décidé de prendre un bain de boue en caleçon. Même pas froid.
D'autres, par précaution, avaient choisi de sortir avec leur bouée pour affronter le terrain glissant et marécageux par endroits du Cauberg. Moi, un vilain petit canard ?
Les "lugeurs sur boue" vont bientôt entrer en action dans la pente.
La veille de la course, lors des entraînements, Wout Van Aert en personne s'était fait surprendre dans la partie la plus technique du circuit.
Dimanche en début d'après-midi, la tension est montée d'un cran à l'approche du départ... Le jeune Anglais Tom Pidcock, le protégé d'un certain Sven Nys, a lui carrément choisi... de grimper dans un arbre pour mieux observer la course.
Une quinzaine de minutes avant le coup de pistolet, c'est parti pour un long ballet d'allers et retours sur la ligne de départ. Ici au premier plan, les deux Italiens Bertolini et Fontana.
La culture du cyclo-cross est toujours vivace au Japon, le Pays du Soleil Levant compte toujours des représentants sur les championnats du monde. Cette année, ils étaient deux à s'aligner en Elites.
La nation la plus représentée au départ, c'était forcément la Belgique avec sept coureurs au départ en Elites, dont ici Daan Soete (à droite) et Quinten Hermans.
Mathieu Van der Poel, ici suivi par Mathieu Boulo, espérait reconquérir le titre mondial qui lui avait échappé en 2016 et 2017.
VDP premier appelé sur la ligne de départ. Avant ça, petit passage par la "case" tablette censée détecter la présence d'un moteur.
Toute la concentration de Wout Van Aert, sacré ces deux dernières années et qui comptait bien défendre son maillot sur les terres néerlandaises de son meilleur ennemi.
Quand deux champions nationaux font un brin de causette, on a nommé Steve Chainel et Stephen Hyde, l'alter ego du Français aux USA.
Tout le monde n'avait d'yeux que pour Mathieu Van der Poel, grand favori de ces Mondiaux dans son pays et qui arrivait avec un bilan de 26 victoires en cette saison de cyclo-cross 2017-2018.
15h05, la meute vient de s'élancer sur les hauteurs du Cauberg.
C'est Lars Van der Haar qui a jailli le plus promptement, suivi par un quatuor de Belges emmené par Wout Van Aert (dossard 1). Mathieu Van der Poel apparaît déjà un peu en retrait.
Le début de course laissait cependant présager le duel que tout le monde attendait entre Wout Van Aert et Mathieu Van der Poel.
Wout Van Aert impressionne d'emblée par sa puissance. Quand Mathieu Van der Poel met pied à terre sur cette partie en dévers, le Belge reste sur son vélo.
Le champion du monde sortant a imprimé d'emblée un rythme d'enfer pour faire douter son rival. Tactique payante.
Le deuxième tour n'est pas encore terminé que Mathieu Van der Poel a déjà dû laisser filer Wout Van Aert.
Surprise au troisième tour et stupeur pour les supporters néerlandais, Mathieu Van Der Poel est "seulement" dans la roue de Michael Vanthourenhout. Devant, Van Aert a fait le vide.
Wout Van Aert cavale en tête et met à profit les nombreuses parties pédestres du circuit pour accentuer son avance.
Techniquement, le circuit de Valkenburg, tracé par Adri Van Der Poel, semblait taillé pour le fiston, mais Wout Van Aert s'y est montré d'une efficacité redoutable.
Des sillons, presque des tranchées creusés sur un circuit totalement ravagé.
Sur un circuit aussi sélectif, les écarts ont vite été énormes. Malade lors de la préparation des Mondiaux, Fabien Canal n'a pu que se battre avec ses moyens du moment (31e).
23e place pour le Breton Mathieu Boulo.
Francis Mourey est l'un des rares désormais à ne pas utiliser de freins à disques, mais le Franc-Comtois se sent plus à l'aise en patins. Les descentes abruptes de Valkenburg ne l'ont pas gêné plus que ça.
Steve Chainel est bien le meilleur Français cette saison en cyclo-cross. Après son titre de champion de France conquis mi janvier à Quelneuc, le Vosgien du team Chazal Canyon a fait honneur au maillot lors de ces Mondiaux (10e).
A bonne distance de l'intouchable Wout Van Aert, Mathieu Van der Poel et Michael Vanthourenhout sont restés ensemble une bonne partie de la course.
Le suspense en a pris un coup mais pas au point de faire une partie de Lego.
Un des deux Japonais au départ, pas forcément rassuré avant de se lancer dans la pente sur son Toyo en tubes carbone / acier.
C'est une habitude chez lui, un peu de cyclo-cross pour Marco Fontana avant la reprise de la saison de VTT.
Pendant ce temps là, les supporters de Wout Van Aert commencent à jubiler.
A l'entame du dernier tour, la course est presque devenue une formalité pour Wout Van Aert, qui s'imposera avec plus de deux minutes d'avance.
Derrière Michael Vanthourenhout, qui s'est emparé de la deuxième place, la dernière marche sur le podium se joue entre Toon Aerts et Mathieu Van der Poel dans ce dernier tour de circuit. Une crevaison du Belge écourtera le duel.
Et de trois ! Sacré à Zolder (2016) et à Belvaux l'an passé, Wout Van Aert décroche un troisième titre mondial consécutif. A 23 ans seulement, il dépasse d'ores et déjà une autre légende du cyclo-cross, Sven Nys, qui a endossé le maillot irisé à deux reprises.
Direction la tente avant le podium protocolaire pour Wout Van Aert, félicité par "madame".
Michaël Vanthourenhout a tenu bon, le deuxième de ces championnats du monde, c'est lui. Sa saison n'a pas été un long fleuve tranquille mais depuis le début 2018, le coureur de Marlux avait retrouvé de la vigueur et il a su concrétiser lors de ces Mondiaux.
Après avoir accusé le coup mentalement face à ce scénario inattendu, Mathieu Van der Poel a su se remobiliser pour aller chercher la médaille de bronze. Il était là pour autre chose, bien sûr, mais c'est mieux que rien.
Après la ligne, Michaël Vanthourenhout essaie de récupérer.
Toon Aerts a tout donné en fin de course, mais sa crevaison l'a empêché, qui sait, d'aller titiller davantage encore Mathieu Van der Poel.
Un top 10 mondial pour Steve Chainel, c'est solide. A 34 ans, le Vosgien n'a rien perdu de son enthousiasme et de ses ambitions. Le boss du team Chazal Canyon donne déjà rendez-vous pour la saison prochaine avec il l'espère encore plus de moyens.
Contrat rempli pour Francis Mourey qui a pleinement justifié sa sélection de dernière minute pour ces Mondiaux en prenant la 13e place.
Le podium de ces Mondiaux avec deux hommes aux anges et un troisième déçu.
Mathieu Van der Poel a dominé une grande partie de la saison, mais un championnat du monde est une course d'un jour... où tout peut arriver.
Michaël Vanthourenhout pouvait savourer cette deuxième place.
Wout Van Aert bondit sur la plus haute marche du podium.
Il portera la tunique irisée une année supplémentaire.
Le public belge en fête durant ce week-end de course, avec pas moins de trois titres mondiaux dans l'escarcelle : Iserbyt chez les espoirs, Cant chez les dames et enfin Van Aert pour l'apothéose.
En conférence de presse, Mathieu Van der Poel n'a pas fui les questions : "Je n'ai pas vraiment d'explication à ce qui est arrivé. Avant la course, je me sentais relax, je pense aussi avoir fait une bonne préparation. Mais aujourd'hui, je n'avais pas de jambes. Ce n'est pas forcément le meilleur sur la saison qui gagne aussi le championnat du monde. Heureusement, dans le dernier tour, j'ai réussi à me ressaisir, je ne pouvais quand même pas laisser trois Belges sur le podium", a notamment expliqué VDP avant d'évoquer l'avenir proche et plus lointain : "Oui, je referai la saison complète de cyclo-cross l'hiver prochain. Mon but est toujours de gagner le plus de course possible". D'ici là, on verra VDP plus souvent à VTT dans les prochains mois puisqu'il courra toutes les Coupes du monde : "Comme il n'y a pas beaucoup de courses, le programme VTT est tout à fait compatible avec le reste", a notamment explique le jeune Néerlandais, qui ne s'accordera désormais une coupure qu'après la première manche à Stellenbosch, en Afrique du Sud, début mars.
C'est un Wout Van Aert souriant mais fatigué qui est apparu en conférence de presse. Le Belge s'est avoué surpris de s'imposer aussi aisément : "Je ne pensais pas gagner avec cet écart", a ainsi confié le triple champion du monde. "J'étais dans un très bon jour, mais aujourd'hui, Mathieu n'était pas à son niveau. Mon plan était d'essayer de rester avec lui en début de course puis de prendre mon rythme ensuite. J'ai ensuite vite vu qu'il ne pouvait pas me suivre. Je n'avais rien à perdre aujourd'hui, Mathieu était le grand favori, mais sur une course d'un jour, tout peut arriver. Je suis heureux, j'ai beaucoup travaillé pour ça", savourait celui que l'on verra sur route très bientôt, et notamment sur Paris - Roubaix.
Bye le Cauberg, c'était un régal.
La brigade peut remballer son radar, fini les contrôles de vitesse. Et rendez-vous l'année prochaine du côté de Bogensee, au Danemark, pour les Mondiaux 2019 !