Texte : Amaël Donnet
Photos : Jérémie Reuiller / IIIProd - BMC
Histoire d’endurance
C’est en 2013 que la marque suisse sort son premier vélo endurance. Sur le Grand Fondo, le concept TCC associait deux qualités antinomiques, à savoir le confort et une certaine sportivité. Pour se faire, le cadre était séparé en deux parties divergentes : la partie basse assurait les rigidités axiales et latérales tandis que la partie supérieure apportait du confort grâce à une certaine souplesse verticale. En 2017, BMC a remodelé ce cadre en lui adjoignant une grande dose de modernité à travers une parfaite intégration du poste de pilotage et de la «câblerie». Le nom Grand Fondo disparaît, au profit de l’appellation Roadmachine. Cette dernière s’intègre mieux dans la gamme BMC. Dans sa nouvelle déclinaison, le travail a été axé sur l’élargissement de son domaine d’utilisation et à l’augmentation de ses qualités dynamiques.
Sept années d'évolutions séparent ces deux vélos !
Un large spectre d’utilisation
En jouant finement avec les ratios de poids/rigidités/confort, le Roadmachine serait efficace tant sur les longues sorties que sur les cyclosportives et autres compétitions. Sa souplesse verticale et la possibilité d’installer des pneumatiques larges, font que ce modèle flirte le monde du gravel. Les routes dégradées et quelques excursions occasionnelles sur des routes non-asphaltées ne l’effraient pas. Conçu pour rouler sur tous types de route, pour rouler vite tout en préservant le cycliste sur les longues virées, le Roadmachine réuni sur le papier bien des qualités. BMC souhaite proposer un vélo à tout faire, nos amis Suisses parlent de «road adventure».
Notre prise en mains, rédigée quelques paragraphes plus bas, validera, ou pas, ces prédispositions annoncées par BMC. Présent sur cette présentation presse, Cadel Evans est lui séduit par ce modèle. C’est son vélo favori. Pour le champion, ce vélo est certes efficace, mais il est également facile et rassurant, il met en confiance.
Les détails de sa conception
Pour proposer des qualités parfois difficiles à associer et une grande polyvalence, voici les choix pris par BMC :
Ca ne change en rien le comportement, même si c’est plus agréable de rouler sur un vélo joli, mais BMC sort enfin de ses traditionnels coloris «noir, rouge, grand logo blanc». L’entreprise suisse s’est adjoint les compétences d’un spécialiste pour offrir à ce modèle un design agressif de qualité.
Le logiciel ACS a permis de déterminer la forme des tubes et des couches de carbone (layup) à utiliser. Par la suite, les cinq derniers pour cent de conception ont été finalisés à travers des essais réalisés sur le terrain. BMC a optimisé le ratio poids/rigidité/confort et a très légèrement retouché sa géométrie (reach et stack) afin de rendre ce vélo accessible à une majorité de cyclistes.
Le confort repose sur une bonne flexibilité verticale, celle-ci est améliorée vis-à-vis du précédant modèle grâce aux choix suivants : la fixation des haubans, sur le tube de selle, a été abaissée de dix millimètres. Pour favoriser les déformations, les bases et les haubans sont partiellement aplaties tandis que le tube de selle est grugé sa partie inférieure. La fourche possède une construction asymétrique qui correspond aux contraintes induites par le freinage à disque. Histoire de limiter la prise de poids, elle est renforcée uniquement là où c’est nécessaire.
Quelques chiffres
Le cadre Roadmachine se décline en six tailles (47, 51, 54, 56, 58 & 61cm). Il y a eu des ajustements au niveau du reach et du stack afin d’offrir une progression des tailles plus cohérente. Le cadre est annoncé à 895 grammes en taille 54, la fourche pèse 380 grammes. Cette nouvelle version du Roadmachine serait plus souple verticalement de 25%, 5% plus rigide au boîtier de pédalier et plus bridé axialement de 20%. Ces chiffres sont assez difficiles d’extraire de leur contexte (test labo). On peut cependant dire que cela va dans le bon sens. Se destinant à une grande marge de pratiquant, si ce vélo est livré de série avec des pneumatiques de 28mm de large, il est n’est pas illogique suivant son utilisation de l’équiper en 25mm ou en 33mm.
Le soin des détails
- La tige de selle en forme de D, 160g à la pesée, se déforme afin de maximiser le confort. Elle se décline en deux déports (15 et 0mm).
- Le tube supérieur possède deux inserts sur le tube supérieur qui permet de fixer solidement une sacoche de cadre (de type triathlon).
- En option, un garde-boue nommé Dfender se fixe sous le tube de selle.
- Les gaines et les durites sont internes, des guides facilitent la manutention.
- Le cône de direction existe en plusieurs dimensions, les cales en deux-pièces sont démontables.
- La potence existe en angle de 0 et 12° et en plusieurs longueurs (0°, 55, 70, 80, 90 & 100mm – 12°, 90, 100, 110, 120 et 130mm).
- La potence possède des fixations pour les caméras de type GoPro et les GPS / compteurs
- Un petit guide-chaîne, placé au niveau du boîtier de pédalier, évite toute chute de la chaîne du côté gauche.
Les géométries
La collection 2020
Roadmachine 01 :
- One, groupe Sram Red AXS, roues Enve, pneus Vittoria Corsa Control, 10'499 euros
- Two, groupe Shimano Dura-Ace Di2, roues Mavic Kysrium Pro Carbon, 9'499 euros
- Three, groupe Sram Force AXS, 7'299 euros
- Four, groupe Shimano Ultegra Di2, 6'799 euros
- Le Roadmachine 01 se décline également en kit cadre, 4'099 euros
RoadMachine 02 dans cette famille la fourche utilise un carbone moins luxueux et l’intégration est simplifiée afin d’abaisser les coûts de production :
- One, groupe Shimano Ultegra Di2, roues DT Swiss E 1800 Spline 32, 4'699 euros
- Two, groupe Shimano Ultegra, roues DT Swiss E 1800 Spline 23, 3'699 euros
- Three, groupe Shimano 105, roues Shimano RS-370, 2'999 euros
Pour découvrir toute la collection BMC
Histoire d’eau – Journée pluvieuse, journée heureuse !
C’est entre Soleure et la région vallonnée de l’Emmental que nous avons pris nos marques sur le Roadmachine 01 One. La météo était annoncée tristounette… Ce fut pire ! De la fine pluie du début de sortie, celle-ci s’est terminée sous le déluge. Heureusement Cadel Evans était de la partie, il a fait le tempo. Ce fut le top pour se réchauffer ! Tout comme la pause de midi et la visite d’une fromagerie d’Emmental.
Un certain style… et un sacré palmarès !
Dans ces conditions, par moments dantesques, nous avons apprécié le côté rassurant de ce vélo. Sur les petites routes tournoyantes, alertant des parties planes et quelques petites jolies bosses, on prend très rapidement ses aises. En descente, on se lâche sans appréhension. On cisèle les courbes des plus belles trajectoires grâce à une bonne précision de conduite. Sur les parties au revêtement abîmé ou sur les zones non-asphaltées, le confort répond présent. Et au niveau sportif, ça donne quoi ? Premièrement la position reste suffisamment agressive si on vire les cales. On peut aussi appuyer sans crainte sur les pédales, le Roadmachine répond présent dès qu’on hausse le rythme : que cela soit au train, ou lors de relances assassines. A moins d’être un sprinteur ultra puissant ou un grimpeur au petit gabarit, ce BMC répondra à toutes les attentes. Il s’agit d’un véritable couteau suisse !
Sur les passages non-asphaltés, le Roadmachine est bluffant de confort et de stabilité. Cela reste cependant un vélo de route et non pas un gravel.
Une meule d’Emmental AOC pèse 90kg, l’affinage dure de huit à douze mois. Plus ça vieillit, meilleur il est !