Zipp 303 Firecrest : les meilleures du moment ?

Tout comme les 303 S présentées au début du mois de mai, et qui remplacent les 302, les Firecrest suivent une route identique : si le poids et le tarif sont en baisse, le rendement et le confort progressent. Pour combiner ces éléments, souvent antinomiques, Zipp a revu sa copie de A à Z. Nous avons eu la chance de pouvoir rouler ces roues durant plus d’un mois. Voici une présentation et un essai exclusif.
Publié le 28/05/2020 16:00 -

Texte & photos : Amaël Donnet

 

Un cahier des charges revu en profondeur

Pour sa nouvelle génération de roues, Zipp a revu son équation initiale qui mettait une priorité presque absolue pour le développement de ses produits. Désormais chaque pratique est ciblée et possède des critères bien définis. L’objectif de ces 303 Firecrest est de vous rendre plus rapide dans le cadre d’une pratique endurance ou gravel léger. Zipp parle de «Making you faster». A travers ces mots forts, le responsable du développement, Bastien Donzé, nous explique avoir cherché à offrir des roues qui délivrent un maximum de rendement tout en se montrant adaptées à un maximum de cyclistes. Les besoins étant identifiés, il a fallu déterminer les points essentiels d’une roue orientée vers la longue distance. Les voici :

 

Abaisser le poids

Pour relancer plus efficacement et pour rendre les ascensions plus aisées, Zipp a diminué drastiquement le poids de ces roues. Près de trois-cents grammes se sont envolés ! Sur la balance ces nouvelles 303 Firecrest affichent 1'355 grammes pour la paire de roues, ce poids correspond à celui des 202 actuelles, la rigidité et l’aérodynamisme en plus !

 

Réduire la résistance au roulement

La pensée «logique» concernant la résistance au roulement réside dans le fait qu’une forte pression de gonflage combinée à des pneus étroits sont la clef du succès. Si on applique l’empreinte au sol de cette combinaison, la trace est longue et fine. En choisissant des sections plus larges et en abaissant la pression, cette empreinte diminue en longueur, mais elle augmente, logiquement, en largeur. Il faut savoir que la superficie détermine la résistance au roulement. Il est ainsi possible de la réduire en jouant finement avec les curseurs que sont la largeur du pneumatique et les pressions utilisées. Un pneu large et peu gonflé pour avoir le même rendement qu’un pneu étroit, tout en offrant plus de confort et une tenue de route améliorée.

 

Limiter la fatigue

Les vibrations et les petits chocs sont une source importante de fatigue. En adoptant des pneus plus larges et en abaissant la pression, les vibrations sont atténuées et les irrégularité de la route sont lissées sans impacter la résistance au roulement. Zipp a également travaillé pour que ces roues délivrent une certaine souplesse verticale. N’oublions que chaque perte de contact au sol, le rendement s’évapore dans les airs !

 

Aéro

La résistance à l’air, l’aérodynamique, reste un élément essentiel. La nouvelle génération de roues sera proposée exclusivement en version «freinage à disque». Le fait de pouvoir s’affranchir des flancs nécessaires au freinage à patin, a permis à Zipp d’affiner la jonction jante/pneu et de réduire ainsi les turbulences. Avec une section interne de 25mm, la Firecrest offre une jonction flancs/pneu très lisse. A contrario de sa petite sœur, la 303 S plus orientée entrée de gamme, cette Zipp possède les traditionnelles empreintes «balle de golf» sur la jante dénommées ABLC Sawtooth par Zipp.

 

 

Les 303 Firecrest : une construction revue et un assemblage européen

Si Zipp a repensé la conception de ces roues, la construction évolue également grandement. Les superpositions de et les types de carbone utilisés évoluent. La jante est fabriquée à Indianapolis, la construction sans crochets à permis d’utiliser des moules en acier. C’est plus simple d’utilisation et cela permet un meilleur compactage des fibres que les classiques vessies gonflables ou autres inserts souples en polyuréthane .Le gain de poids est notable et il n’affecte ni la rigidité ni la solidité. Pour preuve, Zipp garantit ces roues à vie au premier acquéreur.

Focus sur les différents types de carbone utilisés. Les jantes sont fabriquées à Indianapolis.

 

A gauche, la nouvelle jante Zipp 303 S. Une version moins onéreuses que les Firecest. Les flancs sont droits, ils ne sont pas équipés de crochets. A droite la jante des DT Swiss ERC 1100 équipées de crochets.

 

Une hauteur de 40mm, une connexion jante/pneu optimisée et un surfaçage du type balle de golf, ces 303 sont extrêmement aérodynamiques.

 

Ces 303 bénéficient de nouveaux moyeux développés en Allemagne et fabriqué au Portugal. Six cliquets une couronne crantée de trente-trois dents délivrent soixante-six points d’engagement, l’engagement est rapide. Ces roues sont faites pour rouler dans toutes les conditions météorologiques. Un grand soin a été apporté sur l’étanchéité des roulements. Cela entraîne obligatoirement quelques frictions. Pour ceux qui souhaitent maximiser le rendement, sachez qu’il est possible d’installer en option les roulements des moyeux Cognition ou en céramique. Pour le marché européen, les roues sont montées au Portugal. Les nouveaux procédés de fabrication et d’assemblage ont permis de grandement diminuer le tarif de ces roues.

 

Petit CV

  • Jante en carbone symétrique, sans crochets, hauteur de 40mm, largeur externe 30mm, largeur interne 25mm
  • Rayonnage, 24 rayons croisés par deux
  • Rayons Sapim CX-Sprint, écrous en aluminium
  • Moyeux ZR1 DB
  • Entraxes, 12X100mm & 12X142mm
  • Roue-libre à six cliquets
  • Corps de roue-libre Sram XRD, Sram/Shimano
  • Fixation du disque Centerlock
  • Uniquement compatible avec les pneus tubeless, pression maximum de 5 bars
  • Poids, 1'355 grammes la paire avec les valves et les fonds de jantes
  • Tarifs, 1'800 euros, roue avant 875 euros, roue arrière 925 euros

 

Quelques mots avec le concepteur

Orientées endurance et gravel «sage», les Zipp 303 Firecrest utilisent de nombreuses particularités issues du VTT. Une mise au point avec Bastien Donzé, responsables des roues chez Zipp, s’imposait. Voici un extrait de son interview, le sujet complet est à lire dans le numéro 332 de Vélo Vert (juin).

 

Vélo de Route : Pourquoi délaisser les freins à patin ?

Bastien Donzé : Sans parler des bénéfices en matière de freinage, le fait de ne plus avoir la limitation de l’étrier de frein autour de la jante permet de concevoir des jantes plus larges et d’utiliser de pneus de plus gros volume.

VDR : Avec une largeur interne de 25mm, cette jante adopte des dimensions très proches du VTT. Dans un passé pas si lointain, c’était plus 17 voir 19mm.

BD :Les jantes de route s’élargissent de manière radicale en ce moment. Les bénéfices sont les mêmes qu’en VTT : plus de volume dans le pneu permet de rouler des pressions moins élevées. Le pneu est mieux soutenu et ne se déforme pas en courbe, ce qui procure plus de grip.

 

Bastien prend la pause devant les rochers de Garden of the Gods. Cela se trouve à quelques encablures de son bureau. Au fond, les passionnés de sport auto reconnaîtront Pikes Peak ! Copyright Julie Donzé

 

VDR : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à éliminer les crochets ?

BD : Puisque les pressions diminuent, le besoin d’avoir des crochets pour assurer la tenue du pneu disparait. Le procédé de fabrication des jantes est beaucoup plus solide en hookless, car on peut utiliser un moule en acier à la place d’un insert en silicone. Le procédé de moulage est plus simple avec moins de variations, la jante est plus solide et plus légère en même temps, il y a moins de rebut. On a donc une jante de meilleure qualité à moindre coût, cela nous a permis de baisser le tarif.

VV : Et le rendement dans tout ceci ?

BD : Les routiers pensent que les pneus de petites sections avec beaucoup de pression offrent un meilleur rendement. On sait maintenant que c’est faux – un pneu plus volumineux à faible pression offre autant de rendement, en étant beaucoup plus confortable et avec un bien meilleur grip en courbe. Ce gain d’adhérence permet de mieux exploiter la puissance des freins à disque.

 

Place à l’action !

En découvrant ces roues, la largeur nous a impressionné. Les finitions sont bonnes et globalement nous apprécions la nouvelle décoration… mis à par l’autocollant gris. Si c’étaient nos roues, celui-ci dégagerait de suite. Il est cependant normal que Zipp rende ses roues visibles et reconnaissables.

A l’usage, les Firecrest ressemblent fortement aux 303 S . Le comportement et le  caractère sont proches, mais les curseurs sont situés à un plus haut niveau. C’est à la fois plus facile à emmener, plus confortable, plus précis. Bref, c’est encore mieux ! L’essai s’est déroulé sur nos tracés alpins favoris, principalement sur des routes asphaltées mais nous avons également emprunté quelques passages de type gravel. Les roues étaient équipées de pneus Zipp Tangente Speed R28 et nous avons respecté les préconisations de Zipp pour ajuster les pressions.

Habitant dans une région non concernée par le confinement, nous avons escaladé plusieurs cols avec ces Zipp 303 Firecrest. Leur seule limite, c’est la neige !

 

Malgré des pressions faibles, aux alentours de quatre bars, nous n’avons jamais ressenti une quelconque gêne en matière de rendement. Les pneus sont parfaitement maintenus et ils ne s’écrasent pas. Le pilotage est précis, les relances sont vives. Dans ce domaine, les Firecrest supplantent les S, elles s’emmènent aussi plus facilement dans les ascensions et elles nous ont parue plus efficaces à haute vitesse sur le plat ou en descente. Le confort est appréciable, et ce d’autant plus qu’elles encaissent parfaitement les sprints ou les accélérations vives. En descente sur les routes au revêtement dégradé, les roues semblent absorber les irrégularités, les freinages sont impressionnants. Ca ne dribble presque pas. Du coup on s’amuse à retarder les freinages et à découper les trajectoires. Cela en devient un jeu. Attention à ne pas oublier que nous roulons sur des routes ouvertes et que nous possédons tous nos limites en matière de pilotage.

Confortable et efficace, ces roues se sont montrées réellement polyvalente. Douces mais vives dans les relances, à l’usage ces roues se font oublier. Une question revient sans cesse : «Est-ce les meilleures roues de série sur leur segment ?!?». Il est bien possible que notre réponse soit affirmative. Zipp annonce des gains de dix watts sur l’asphalte et de cinquante watts sur une route au revêtement dégradé, c’est beaucoup et nous ne l’avons pas pu le vérifier de manière scientifique. Mais il est certain que ces roues sont rapides et faciles à emmener. Les coups de moins bien ne seront pas trop chèrement facturés.

 

Sur les jantes larges, les pneus prennent du volume. Nous avons mesuré les pneus Zipp Tangente Speed à 31mm. Avant de craquer pour ces supers roues, assurez-vous que votre vélo possède le dégagement nécessaire. Non, il n’est pas possible de monter du 25mm… !

 

Quelques préconisations à respecter

Ces jantes larges et dépourvues de crochets nécessitent quelques règles à suivre, celles-ci sont simples et elles concernent la sécurité. La marque américaine travaille pour élaborer des normes ISO plus restrictives que les règles ERTO actuelles, ceci afin de fiabiliser et de simplifier l’expérience «tubeless». Ces nouvelles normes devraient aboutir d’ici plus ou moins deux ans.

  • Ces roues sont compatibles uniquement avec des pneumatiques tubeless. Il est possible de monter des chambres à air en cas de crevaison, mais il ne faut en aucun cas monter des pneus traditionnels.
  • La pression ne doit jamais excéder les 5 bars.
  • La largeur du pneumatique ne doit pas être 110% inférieure au ratio de la largeur de la jante. A savoir pour ces roues, 28mm pour une largeur interne de 25mm.

Ce lien vous renvoie sur les conseils de gonflage Zipp.

 

Les Zipp 303 Firecrest en vidéo

 

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