Christian Lax, écrivain et dessinateur de BD sur le cyclisme, mais pas que!

Christian Lax est un scénariste et illustrateur français de bandes dessinées, mais c’est aussi un cyclo-touriste passionné et il ne peut en être autrement lorsqu’on se plonge dans la lecture de ses 3 albums consacrés au cyclisme. Ecrire et dessiner sur le cyclisme, un projet qui semblait avoir un futur incertain il y a 7 ans et que l’on va pouvoir pourtant retrouver cet été dans les colonnes de l’Equipe Magazine.
Publié le 02/03/2012 13:41 -

 La particularité pour nous cyclistes est que Christian Lax  raconte l’histoire des coureurs du Tour de France et de Paris Roubaix au début du XXème siècle. Donc en attendant juillet, on se plonge dans ses trois albums : « l’aigle sans orteils », « Pain d’alouette première époque » et « Pain d’alouette deuxième époque », pour comprendre l’histoire de ce Tour de France qui depuis plus de 100 ans (100ème édition cette année) passionne les hommes et déplace les foules.

« L’aigle sans orteils », c’est l’histoire d’Amédée Fario, qui en 1907 depuis ses montagnes pyrénéennes rêve au Tour de France, en silence avec fierté. D’abord travailler pour se payer son vélo, pour ensuite s’élancer en juillet sur les routes du Tour… C’est difficile d’en raconter plus. L’histoire est envoutante, pleine d’émotions, on ressent les chutes, la pluie, la joie et le courage de notre jeune héros, qui voudra malgré tout en 1914 partir au front avec ses camarades.

« Pain d’alouette » (tome 1), c’est l’histoire du nord de la France après la guerre, des classiques belges, des hommes dans les mines et de la mémoire d’Amédé Fario. Après la guerre, peu de coureurs sont revenus du front mais l’histoire du cyclisme continue. On s’en régale en attendant les classiques du printemps.


« Pain d’alouette » (tome 2),  la suite donc, nos personnages grandissent, vieillissent. Cette fois c’est Paris-Roubaix, la boue, la pluie, le froid. Sortis des mines, les hommes règlent leurs comptes sur le vélo. Et si tous les coups sont permis, heureusement, quelques rayons de soleil, comme un peu d’espoir de jours meilleurs, percent dans le ciel gris du Nord.

Je vous laisse découvrir ce qu’est le pain d’alouette si vous ne le savez pas déjà, en lisant les premières pages !



Dans votre itw pour France 2, vous dites que vous êtes un cyclo touriste, j’aurai donc quelques questions à vous poser à propos de votre pratique du vélo.

- Comment vous est venue l’idée d’écrire sur le cyclisme ?

Il n’existait rien, ou quasiment rien dans la BD sur le cyclisme alors qu’il y a environ 5000 publications par an. Pour plusieurs raisons je pense, la difficulté de dessiner des cyclistes sur le vélo, ou encore recréer le milieu, l’ambiance… cela a été une vraie motivation pour moi de se lancer dans ce projet. Quand j’ai sorti ‘’L’aigle sans orteils’’ en 2005, je pensais qu’il n’y aurait qu’un seul album.

J’ai préféré écrire sur le cyclisme d’antan, celui des pionniers pour plusieurs raisons. D’abord car nous avons du recul sur cette période, cela permet de faire un travail en profondeur, aussi j’ai une importante bibliothèque consacrée au cyclisme en général mais aussi sur celui d’avant les années 30. J’ai un certain nombre de veilles revues comme ‘’Lotto’’ ou ‘’Miroir sprint’’… Je suis donc assez pointu sur cette période, et c’est un travail qui est passionnant.

- Etes-vous plutôt accro ou cyclo du dimanche ?

Je n’ai jamais été compétiteur, mais toujours un cyclo sportif fan de cols. J’ai un physique de grimpeur, il faut le dire, donc naturellement je prends facilement la route des cols puisque j’habite en Rhône Alpes. Je ne fais ‘’que’’ 5000 kilomètres par an. Après, j’essaye d’être prêt pour quelques belles cyclos quand j’en ai le temps : l’année dernière j’ai pu arriver en haut de l’Alpe d’Huez durant l’étape du Tour, j’avais une revanche à prendre, car la dernière fois que j’avais tenté cette mythique ascension je manquais de préparation et j’avais calé au milieu !

 

- L’Etape du Tour n’est jamais facile, avez-vous d’autres expériences sur ce genre de course, qu’est-ce qui vous attire ?

C’est toujours une journée festive, on se retrouve avec des mecs et des filles qui viennent du monde entier et qui se sont préparés pour ça, après des fois je trouve que ça prend trop d’ampleur. C’était fou de devoir traverser les tunnels  qui descendent dans la vallée de l’Oisans en arrivant du Galibier à pied car il y avait trop de monde !... Sinon j’ai aussi fait des cyclos comme la Time ‘’Megève-Mont Blanc’’, ou encore j’ai participé à l’Etape du Tour Pau-Hautacam qui avait été d’un froid terrible il y 3 ans.

- C’est un peu une façon de connaître les chemins sur lesquels vous faites rouler ensuite les héros de vos Albums ?  Les Pyrénées, les Alpes et le nord de la France sont des grandes régions du cyclisme ? Ce sont des régions que vous affectionnez ?

Il est vrai que j’ai arpenté beaucoup de grands cols, à peu près tous les parcours mythiques dans les Alpes et que je connais bien ces régions montagneuses. Je pars aussi tous les trois ans en vacances dans les Pyrénées et bien sur j’emporte mon vélo… Tous les ans, je me fixe d’être capable en juin de monter quelques grands cols dans une même sortie. Je trouve qu’à ce moment là, le vélo devient intéressant.

- Il existe aussi des cyclotouristes qui reprennent les parcours des classiques du printemps, vous dites que vous connaissez bien les routes du Nord. Dans pain d’alouette vous semblez parler des pavés en fin connaisseur… ‘’ Les pavés tu les subis ou tu les effleures…’’

Quand j’ai écris l’album pain d’alouette sur Paris Roubaix, je n’avais pas idées de ce que pouvais être les routes du Nord en dehors de ce que j’avais vu comme spectateur, du coup j’ai pris mon vélo et je suis monté dans le nord faire tous les secteurs pavés pour avoir le ressenti des coureurs dans ces passages. C’était la meilleure façon de le raconter, même si je suis tous les ans devant ma télé pour Paris-Roubaix. Je suis très cocorico avec le cyclisme, pour les courses et les coureurs français, je suis un grand fan !

 

- Etes-vous fan de matériel de vélo ?  Parlez-nous de votre (ou vos) montures ?

Je  ne suis pas vraiment pointu sur la question du matériel, moins que sur l’histoire du cyclisme en tout cas. Je suis depuis 5 ans l’heureux propriétaire d’un LOOK 585, qui a par la même occasion était mon premier carbone, j’ai vraiment apprécié ce passage au carbone, en terme de légèreté et de confort. J’ai tout de même conservé mon bon vieux cadre en alu, c’est d’ailleurs lui que j’ai utilisé pour aller reconnaître les secteurs pavés. Je ne saurai m’y aventurer avec mon carbone ! Mais je ne suis pas du genre à être à la pointe, je pense que c’est surtout une histoire de guibols ! Je ne pense pas que je pourrai sentir beaucoup la différence entre différents vélos, je n’ai malheureusement pas suffisamment de temps à consacrer à l’entrainement.

 

- Dans vos albums vous pointez du doigt de nombreuses formes d’injustices, celle de la vie que l’on retrouve sur le vélo, à travers des relations de supériorité qui peuvent exister entre les hommes, le fort/le faible, coureurs/commissaires, rapports hiérarchiques dans l’armée, à la mine, le gâchis de la vie des hommes sur le front, le machisme, l’abus de pouvoir d’un directeur de pensionnat, le tabou de l’handicape. Est-ce que pour vous le vélo est un moyen de donner sa chance à tous d’être mis un jour sous la lumière uniquement par le fruit de son travail, l’entrainement ?

Je travaille beaucoup le côté humain dans mes albums, que ce soit la série sur le cyclisme ou dans mes autres publications. C’est aussi pour ça que je ne veux pas écrire que sur le cyclisme, je sais qu’il y a beaucoup de fans et je reçois toujours beaucoup d’encouragements pour ces albums spécifiques au vélo, mais j’ai aussi des lecteurs qui ne sont pas du tout fan de sport ou de vélo et qui recherchent des histoires avec de l’humanité, je veux être présent pour tous ces publics qui recherchent cela, faire un peu des deux.

- Que pensez-vous du cyclisme aujourd’hui ? Vous parlez de ‘’robots’’ à propos des coureurs, mais dans pain d’alouette vous parlez du dernier coureur qui franchit la ligne quand le public a déserté. Pensez-vous que ce coureur existe encore au sein des pelotons professionnels ?

C’est vrai qu’aujourd’hui je ne trouverais pas de plaisir à dessiner ces coureurs, ils sont cachés derrière leurs casques, leurs lunettes, leurs oreillettes, avec des maillots couverts de publicité. Ça n’aurait pas eu de sens. Pourtant je pense que pour ces jeunes coureurs qui veulent à tout prix réussir dans le vélo, la donne n’a pas vraiment changé de ce que je raconte dans mes albums. J’ai un grand respect pour ces jeunes champions qui tentent de percer, j’ai été à fond derrière les exploits de Pierre Roland dans le Tour de France en 2011 ou encore les performances d’Arnaud Démare en ce début de saison. J’attends avec impatience un grand champion français et je pense que ça va marcher pour ces jeunes, ils ont beaucoup de talent. Je suis pour que le cyclisme ait l’image qu’il mérite, celle de coureurs plein de talent qui se battent, particulièrement quand ils sont français.

- Quand aurons-nous le privilège de lire un nouvel album consacré au cyclisme ?

Je suis en train d’écrire une nouvelle histoire sur le vélodrome d’hiver sous l’occupation, je ne sais pas comment ça s’appellera, peut être  « Vel d’hiv » tout simplement. L’album devrait sortir en octobre, mais le grand projet de cette année est que cet album sera publié dans l’Equipe Magazine entre juin/juillet pendant 8 semaines pour toucher un public plus large.

On attend ça avec impatience !

En attendant vous pouvez vous procurer les albums déjà existants aux éditions Futuropolis. https://www.futuropolis.fr



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