B'Twin vient de présenter sa nouvelle gamme route estampillée "performance". Elle s'adresse aux rouleurs déjà relativement avertis, alors que les pratiquants occasionnels pourront se tourner vers d'autres modèles plus accessibles, tant au niveau du prix que de la technologie. On a mis le cap à proximité de Valence, en Espagne, pour découvrir ce millésime 2014 qui compte au total six modèles, répartis sur trois châssis différents : un dédié au cyclosport, un autre en "premier prix" compétition et enfin un dernier haut de gamme. Un point commun qui saute aux yeux au premier abord ? La cosmétique des vélos très sobre, puisque le noir est de rigueur. B'Twin joue la carte consensuelle en matière d'esthétique. Pas d'excentricités, ce n'est pas le genre de la maison qui veut plaire au plus grand nombre.
Si la puissance de feu de B'Twin sur l'entrée de gamme est connue, on sait moins que la marque française développe elle-même une grande partie de ses produits et qu'elle ne choisit pas tous ses cadres sur des catalogues de fabricants asiatiques. Les cadres dont nous parlons ici sont certes fabriqués à Taïwan, ce qui ne surprendra personne, mais il y a toute une équipe en France qui travaille à leur conception. B'Twin recueille également les retours de compétiteurs plus ou moins chevronnés, mais aussi de pratiquants plus modestes pour faire évoluer ces produits. Depuis 2011, l'équipe B'Twin U19 Racing Team, composée de vingt juniors, parmi lesquels certains figurent dans les meilleurs Français, est associée au développement. Eric Leblacher, ancien pro sur route, aujourd'hui 1ère catégorie, duathlète émérite, collabore aussi avec la marque française. Dans le Nord, où elle est implantée, elle est dotée d'équipements high tech, tant pour le prototypage que pour les tests de laboratoire.
Faisons donc maintenant connaissance avec la nouvelle gamme que nous avons découverte en totalité puis pu essayer en partie. Ainsi, nous avons pris contact avec deux modèles en particulier (voir ci-dessous) en effectuant avec chacun une boucle d'une trentaine de bornes agrémentée du passage d'un petit col de cinq kilomètres de profil plutôt roulant. De quoi avoir un petit aperçu du potentiel des montures B'Twin...
L'ALUR 700
C'est le vélo qui inaugure la gamme route performance. Son châssis est composé d'un cadre alu et d'une fourche avec jambages carbone et pivot en alu (et conique). Les bases sont surdimentionnées pour offrir ce qu'il faut de répondant. A l'inverse, B'Twin explique ne pas avoir voulu "brider" le boîtier de pédalier (par ailleurs au standard PressFit) : l'objectif n'est pas de faire de l'Alur une barre à mine mais de lui octroyer aussi de la souplesse. La finition est soignée pour ce niveau de gamme avec des passages de gaines et câbles en interne. On remarque également la position du frein arrière, situé sous les bases. La marque française a choisi de proposer ce châssis en montage unique. B'Twin a opté pour le Shimano 105 concernant la transmission. Pédalier compact (50x34) et cassette Tiagra (12x28) doivent permettre aux moins entraînés d'affronter les difficultés les plus ardues, les plus affûtés trouveront eux le braquet un peu juste dans les descentes ou faux plats descendants.
Pour notre part, c'est un parcours vallonné qui nous attendait dans les environs ventés de Majorque. La petite virée de trente bornes au menu nous a semblé presque trop courte, tant l'Alur se révèle facile. La position plutôt redressée, très "cyclo", invite à accumuler les kilomètres. C'est la même chose concernant le confort, remarquable. Jamais le vélo ne se révèle raide ou dur à emmener. Sans grande surprise, c'est au train qu'il se montre le plus à l'aise. On prend facilement un rythme de croisière, notamment sur le plat ou même dans les faux plats montants. On peut mettre un peu de braquet sans se retrouver planté. L'ultime descente de notre sortie, qui ressemblait à un grand toboggan avec des chicanes et autres enfilades techniques, a également permis de mettre en lumière un comportement sain. Le vélo est rassurant et précis dans les trajectoires.
Auparavant, dans le col à notre menu, sans grands pourcentages, le comportement de l'Alur s'est révélé tout à fait honorable. Certes, son poids annoncé (8,9 kg sans pédales en taille M, cadre+fourche à 2,010 kg), mais non vérifié n'en fait pas un grimpeur ailé, mais tant qu'on monte sans à-coups, l'impression est plutôt flatteuse. Le tableau est forcément un peu moins idyllique quand on passe en mode on/off, bref, quand on accélère... L'Alur 700 manque un peu de punch pour le compétiteur en quête de performance pure. Cela dit, on est persuadé qu'avec une paire de roues supérieure aux B'Twin Aero 2024 (annoncées à 1850 grammes), le vélo gagnerait beaucoup en peps. Bref, l'ensemble vaut sans doute d'être upgradé. A 899,95 euros, il y a de la marge, niveau budget ! On ne serait pas surpris que cet Alur réalise un carton...
LE MACH
Les familiers de la gamme B'Twin connaissent le Facet, le vélo en carbone de la marque française. Eh bien, celui-ci a vécu. Critiqué par certains pour son confort trop austère, il sera remplacé par le Mach, censé ne rien sacrifier au rendement mais avec un caractère moins rugueux et par l'Ultra (voir ci-dessous). B'Twin explique avoir construit son nouveau cadre Mach en deux parties distinctes : la première - inférieure - constituée de la fourche, de la direction, du tube diagonal, de la boîte de pédalier et des bases, est surdimentionnée pour le dynamisme et le rendu au pédalage. La deuxième partie, dite "supérieure", composée du top tube, des haubans (affinés) et du tube de selle, doit servir le confort du vélo. Les tubes à facettes ne sont eux pas là que pour l'esthétique : la marque française explique que cette architecture permet d'accroître la rigidité en flexion. Quant à la fourche, B'Twin explique avoir réduit sa rigidité frontale de 15 % par rapport à celle du Facet. Sur la balance, le kit cadre + fourche affiche virtuellement 1560 grammes.
Le châssis Mach sera décliné en trois montages différents : 700 (1299,95 euros), 720 (1599,95 euros) et 740 (1999,95 euros). Nous avons essayé ce dernier sur la même boucle qu'avec l'Allur. Le vélo était notamment équipé du groupe Campagnolo 11 vitesses Athena avec le pédalier Athena Compact doté des manivelles carbone (plateaux de 50x34) et la cassette Chorus 12x27. Comme tous les autres modèles de la gamme B'Twin, on notera au passage que le cadre est prévu pour accueillir un groupe électrique Shimano Ultegra Di2. Les roues Campagnolo Scirocco en 35 mm viennent elles opportunément servir l'ensemble. Ce ne sont certes pas les plus impressionnantes au monde sur le papier (un peu plus de 1700 grammes), mais leur polyvalence, leur rendement au train et leur dynamisme en relances nous a convaincus.
Elles permettent au Mach d'exprimer ses qualités. En comparaison avec l'Alur, il invite à des sorties plus sportives. La réactivité du cadre incite à accélérer, relancer plutôt qu'à rouler pépère au train. Le vélo a du punch et le profil vallonné du parcours qui nous était proposé était pour lui un parfait terrain de jeu. Si on apprécie sans doute davantage le Mach sur le plat ou sur des bosses de deux à trois bornes maximum, il s'en tire assez correctement dans des montées plus longues. Son pilotage est un peu plus exigeant qu'avec l'Alur, il réclame un peu plus de discernement dans le choix des trajectoires. Au final, il nous semble être un peu à la lisière du vélo cyclosportif et de compétition. Ni trop "plan-plan", ni trop exigeant. Clairement polyvalent.
L'ULTRA
B'Twin sort donc un nouveau cadre haut de gamme : l'Ultra. Les techniciens de la marque française ont appliqué l'essentiel des recettes de fabrication actuelles pour concevoir ce vélo destiné à draguer les compétiteurs les plus exigeants. Ils ont donc planché sur le dimensionnement des tubes, la répartition des couches de carbone selon les zones du cadre, la nature des fibres employées... Le but étant de trouver le meilleur équilibre dans le sacro-saint triptyque rigidité/confort/poids. On retrouve donc entre autres un tube diagonal massif et des bases asymétriques (pour la rigidité) ou encore des haubans fins (pour le confort et le poids). Chez B'twin, on reconnaît toutefois que la quête de la légèreté n'a pas été le critère numéro 1. Avec 1165 grammes sur la balance, l'Ultra ne fait clairement pas partie des poids plume. Plus qu'un vélo hyper light pour aller grimper les cols et affoler les compteurs dans les longues bosses, la marque française, fidèle à sa philosophie, a préféré une monture assez "passe-partout", capable de s'exprimer sur des terrains variés.
Côté technologies, on retrouve donc pêle-mêle sur le vélo douille conique, bases asymétriques, boîtier de pédalier au standard PressFit, freins Directmount, quant aux câbles et gaines, ils cheminent à l'intérieur du cadre...
L'Ultra sera décliné en deux versions : le 920 (2599,95 euros) et le 940 (3599,95 euros). Nous n'avons pas eu le temps d'essayer le vélo sur le press camp, mais ce ne sera sans doute que partie remise...
On retiendra encore :
- B'Twin fait une croix sur les pédaliers en triple plateau
- Sram disparaît de l'équipement. Les vélos B'twin seront désormais équipés soit en Shimano, soit en Campagnolo
- La saison hivernale est terminée, mais ça n'empêche pas de penser à la prochaine. B'Twin reconduit son vélo de cyclo-cross, en alu 6061, monté en Shimano 105 avec un pédalier double en 46x36 et équipé de roues Aksium. Son prix : 999,95
Photos : B'Twin
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