En mai nous vous avions présenté ici même notre cadre SingleBe sur-mesure. De mai à octobre, nous avons peaufiné nos choix de matériels et résolu un problème de fabrication plutôt gênant. L’histoire se termine bien et le vélo fut étrenné sous le soleil et le bord de mer lors du Roc d’Azur.
Fraichement monté, notre SingleBe prend déjà le soleil sur la côte lors du Roc d'Azur à Frejus.
La fiche technique :
Cadre
SingeBe acier Reynolds 853, boîtier de pédalier BSA
Fourche
Enve Cross Taper Disc 12 mm
Transmission
Dérailleur AV : Shimano 105 5800, Dérailleur AR : Shimano 105 5800, Commandes : Shimano 105 5800, Pédalier : Shimano 105 5800 50x34, Cassette : Shimano 105 5800 11-28, Chaîne : Shimano 105 HG6000
Poste de pilotage
Direction : Chris King InSet 7, Potence : Fi:zi’k Cyrano R1 100 mm, Cintre : Fi:zi’k Cyrano R3 Bulls 42 cm, Guidoline : Fi:zi’k
Freinage Shimano 105 hydraulique disques de 140 mm
Train roulant
Moyeux : Mavic Ksyrium Pro Disc Allroad, Jantes : Mavic Ksyrium Pro Disc Allroad, Pneus : Mavic Yksion Allroad UST Ready 700x30C
Assise
Tige de selle : Crankbrother Cobalt 3, Selle : Fi:zi’k Antares VS, Collier de serrage : Thomson 29.8 mm
Poids 9,450 kg avec pédales Shimano XT
Une fiche technique selon nous très homogène malgré quelques disparités entre certains composants. On s’est fait plaisir avec une fourche Enve à la ligne parfaite et un jeu de direction Chris King InSet 7. La première est parfaite pour la pratique du cyclocross et dispose d’un passage externe de la durite plutôt discret et malin. Elle accepte selon le constructeur des pneus en 48 mm, de quoi largement voir venir pour du cyclocross et du Gravel.
La douille de 44 mm a presque été choisie pour lui, le jeu de direction CK Inset 7 est une merveille. Il est visible sur sa partie basse (à l'ancienne) et est facile à ajuster, niveau roulement c’est simplement ce qui se fait de mieux. Impossible avec un King de retrouver son vélo avec la direction bloquée le lundi matin après un dimanche boueux et un lavage à grande eau.
Pour les périphériques, nous voulions du sobre et du pratique. On a choisi les composants Fi:zi’k presque intégralement, seule la tige de selle provient de chez Crankbrother. En effet, Fi:zi’k ne propose pas pour le moment de tige de selle sans recul, cette caractéristique était importante pour nous afin d’avoir les mêmes repères que sur le jumeau en carbone de ce vélo. Choisir un cintre et une potence Fi:zi’k, c’est l’assurance de pouvoir régler au mieux les composants entre eux, graduations et repères sont nombreux. Une logique que l’on n’observe malheureusement pas chez tous les fabricants. Fi:zi’k a même prévu un marquage pour arrêter la guidoline de façon égale à gauche et à droite. La selle Fi:zi’k Antares VS a été préférée à sa version classique que nous connaissons déjà bien pour tester tout simplement. Un choix qui confirme que nous préférons réellement la version sans l’évidemment central, c’est probablement un des composants qui sera changé le plus rapide sur ce montage.
Pour la transmission nous avons monté du Shimano 105, certes du plus prestigieux aurait eu sa place sur un vélo en acier haut de gamme sur-mesure, mais force est de constater après près de 700 km que ce groupe est « Gravel Certified ». Pourquoi mettre plus cher dans un groupe qui va servir dans les pires conditions, boue l’hiver et poussière l’été. On aurait gagné quelques grammes en Ultegra, mais avec un cadre à 1,9 kg nous ne sommes pas dans une optique weigtweenie. L’important pour nous était d’avoir accès à un freinage disques hydrauliques, nous ne sommes pas déçus ; avec les disques de 140 mm le touché est simplement parfait.
Seul bémol avec la gamme 105, c’est qu’elle ne propose pas de pédalier spécifique en 46x36, une denture cyclocross que nous avions sélectionné à la base. Pour mettre un 46x36 il faut partir sur un lourd pédalier CX50 ou le hors groupe RS500, on va rester en compact avec le superbe pédalier 105 dans cette finition noire très classe.
On garde le meilleur pour la fin avec le train roulant. Le premier modèle destiné au Gravel de la marque française Mavic, pionnière avec une gueule d’enfer : les Ksyrium Pro Disc Allroad. La teinte kaki du cadre a même été choisie pour être assortie avec les moyeux et les stickers marron des jantes. Disponible en Centerlock, se fut un jeu d’enfant d’y installer nos disques Shimano, un standard de fixation qui gagne a être connu et qui nous l’espérons va percer un peu plus afin de trouver des disques légers de ce type.
Mais l’atout principal de ces roues est d’être Tubeless, une spécificité qui effraie encore les routiers, mais un vrai jeu d’enfant pour un vététiste du cru. Que se soit en Gravel ou en cyclocross nous allons utiliser que ce type de montage, terminé les pincements en forêt piégés par une racine sous un tapis de feuilles. Livrée d’origine avec une paire de pneus Yksion Allroad en 30 mm, l’affaire est entendue pour des kilomètres de plaisir.
Un montage à rallonge
Reçu fin avril et monté début octobre un nouveau record ? Il me manquait quelques pièces d’ici où là. Mais les raisons sont ailleurs.
Mais qui a choisi les passages internes de la durite de frein ? Présent ! Eh oui, il faut être un peu maso pour avoir fait ce choix surtout pour la durite arrière dans le tube supérieur et le tout sans liner s’il vous plaît. On sait pourtant fait prêter un outil Jagwire prévu à cet effet : le Pro Internal Routine Tool. Ce dernier est plutôt bien pensé avec différents embouts et une tête aimantée articulée. Le succès aurait été avec nous si notre cadre n’avait pas été en acier, impossible de joindre les deux bouts en utilisant la force des aimants. Le montage sera finalement réalisé par un professionnel équipé d’un outil Park Tool qui fait référence dans le domaine. Parfois il faut savoir déléguer, on en profitera pour faire couper les durites à la bonne longueur.
Nous voilà déjà avec quelques semaines dans la vue, mais le meilleur reste à venir. En effet, lors du montage du pédalier nous nous rendons compte que quelque chose ne va pas. Nous avons choisi un boîtier en 73 mm de large à la place d’un classique 68 mm sur route. Confusion des genres et mauvaise communication avec le cadreur, l’erreur nous incombe clairement et nous en paierons le prix. Il va nous falloir trouver une solution pour réduire la largeur de 73 vers 68 mm. On laisse la scie à métaux à l’atelier, la masse aussi et on réfléchit avec des personnes avisées. Premièrement, un outil existe bien chez VAR, ouf, mais reste à trouver l’homme derrière l’outil. L’idée de l’acheter m’a traversé l’esprit, mais au quart du prix du cadre, l’affaire n’est pas rentable. C’est en rencontrant nos amis des cycles Victoire à l’Eurobike (en août donc) que le ciel s’éclaircit au-dessus de ce souci majeur. Julien le boss me propose de régler ce problème, notre cadre étrennera même le nouveau marbre des auvergnats. Notre cadre tchèque aura donc le droit à un tour en Auvergne, j’espère qu’il aura repéré de belles routes là-bas, car son propriétaire a bien l’intention d’y faire une virée très prochainement. Plus sérieusement, la réparation prendra deux semaines avec les délais de transport. Ric-rac avant le Roc d’Azur, mais dans les temps pour finir le montage, place au roulage !
L'ajustement réalisé par Victoire Cycles est invisible, merci l'artisanat français
En piste
Ce qui est bien avec un sur-mesure, c’est que si la géométrie est ratée le coupable n’est jamais loin. En l’occurrence cet acier désigné par nos soins, l’a été d’après les côtes de notre cyclocross chinois en carbone. Seuls, des petits ajustements ont été réalisés pour compenser le fait que les fourches soient différentes en hauteur et en déport. L’angle et la douille de direction ont donc été adaptés sur le SingleBe, la douille est plus longue et l’angle de direction plus fermé puisque la fourche Enve dispose d’un déport plus grand.
Peu de prise de risque donc et les premiers tours de roue nous le confirmerons. Nous sommes en terrain connu, mais des différences subsistent. L’acier est globalement plus raide, surtout du triangle avant. Le couple douille de 44 mm et fourche Enve avec axe traversant ne bronche pas d’un millimètre en relance, mais aussi lors des passages chaotiques. Viril ce SingleBe, il nécessite quelques heures de roulage pour être apprivoisé. Passé ce délai, il se montre agréable à piloter et particulièrement vif sur des singletracks sinueux.
Pour un usage Gravel, on a apprécié nos premiers tours de roues en Tubeless. Ce type de montage est particulièrement adapté aux besoins de la discipline, l’imprévu ou l’imprévisible racine ne seront plus synonyme d’arrêt réparation. Pour ce qui est de l’acier en Gravel, c’est surtout une histoire de style. L’esprit d’aventure va à merveille avec cette bonne vieille feraille aux lignes classiques.
Site web de SingleBe : www.singlebe.com