Aventure Londres-Paris à vélo : Étapes 1 et 2

C'est le jour J. Nous quittons Paris en Eurostar et rejoignons notre ligne de départ, à Londres. Découvrez nos deux premières étapes sur les sept qui nous mèneront à Paris, une semaine plus tard.
Publié le 08/05/2017 14:02 -

Paris-Londres en Eurostar et début de l'aventure, étape 1 : Londres - Crawley

Prendre les transports en commun parisien, à savoir tramways et RER en tenue de vélo, avec deux grands sacs de course comportant les sacoches, les casques, les bidons etc… ce n'est pas commun. Alors des regards amusés se tournent sur vous, c'est plutôt comique. Même sensation dans le hall de la Gare du Nord. Nous montons les marches de l'accueil Eurostar et découvrons le panneau « ne pas emporter de bombe, ni d’arme à bord », avec les pictogrammes représentatifs rayés. État d'urgence oblige… La seule arme qui nous servira pour ce périple sera notre motivation ! Nous passons les différents contrôles sans encombre avant de nous installer dans le train 9015.

Départ 9h13, arrivée prévue à 10h39 heure locale. Le stress monte mais la seule crainte qui hante nos esprits concerne les vélos. Nous prions pour que le service bagages s’occupant de les livrer à bon port, a assuré sa mission. Nous les avons déposés la veille dans la Bike Station aux confins de la gare. L'employé du service a récupéré nos vélos et nous a fait remplir une fiche d’enregistrement. Le début de notre trip dépend donc de quatre chiffres, inscrits sur la fiche et recopiés sur les colliers accrochés aux bikes. Tel un mémo, il faudra recomposer la paire une fois arrivés à Saint Pancras, gare Eurostar de Londres. En attendant, nous prenons déjà quelques notes pour organiser la série de news que vous découvrirez sur veloderoute.com.

Une fois arrivés à destination, nous retrouvons facilement la Bike Station de la gare londonienne, grâce au plan fourni par le bagagiste, la veille. Nous donnons les fameux quatre chiffres, le suspense est à son comble, avant d'apercevoir nos vélos ! Nous poussons un ouf de soulagement. Nous arrimons les sacoches, récupérons quelques livres sterling et demandons à un passant de nous photographier devant la gare pour le souvenir.

Nous sommes à présent sur la ligne de départ, direction Crawley, 73 kilomètres plein sud. L’heure est venue pour nos GPS de nous montrer ce qu’ils ont dans le ventre. Nous comptons surtout sur le Garmin Edge 820 qui est équipé d’une carte Européenne et qui doit nous guider pour toute la partie anglaise de notre périple. Après de longues, voire très longues minutes d’attente et de frayeur, le GPS nous localise et nous indique le chemin à suivre. Le coquin a mis plus de temps à charger le parcours qu’à l’ordinaire… après ce petit coup de chaud, c’est parti pour les premiers coups de pédales, à gauche. Nous traversons Londres en passant à côté du London Eye, face à Big Ben, au milieu de la foule de touristes profitant de l’air londonien en bord de Tamise.

Après ce bain de foule et un pique-nique mérité, nous prenons pour de bon la route et traversons la banlieue sud de Londres. C'est une alternance de carrefours, de feux tricolores, de gauche droite, tout en restant vigilant sur le sens de circulation. Pour cela, il est primordial de lire les repères au sol pour ne pas se tromper "Look right" ou "Look left". Finalement, on prend assez vite le coup de main de la conduite à gauche, seul les gros carrefours sont perturbants. J'avais pour repère simple de rouler au bord du trottoir de gauche, cela parait une évidence, mais ce n'est pas si simple de changer si radicalement nos habitudes dans les faits. Nous prenons le rythme et nous faufilons facilement au travers des lignes de bus rouges et des taxis noirs typiques. Nous sortons de Londres sans trop nous en rendre compte en traversant notamment le parc verdoyant de Clapham Common, utilisé par de nombreux joueurs de football américain, s'improvisant des matches ou des entraînements. Puis nous longeons les rivières, empruntons des chemins en sous-bois et les pistes cyclables goudronnées du National Cycle Network... En découvrant ce parcours sur nos vélos, nous réalisons que nous sommes heureux d'avoir des montures typés "aventure", car les chemins représentent déjà plus d'un quart de cette première étape. Les vélos de route seraient à la peine. Précisons aussi que le balisage de l'avenue verte est, comme nous l'avions lu, plutôt mauvais, merci le GPS.

Nous filons à travers les superbes quartiers résidentiels à l'extérieur de Londres, voitures haut de gamme, belles maisons sans clôture et surtout sans une herbe qui dépasse. Plus tard, ce sera une succession de haras que nous franchissons en pleine campagne sur un parcours relativement plat. Une belle bosse s'est ensuite dressée devant nous, plus d'un kilomètre de grimpette exposée plein vent de trois quart face, qui nous mène sur un plateau à plus de 200m d'altitude, point culminant de la partie anglaise de notre périple.

Une fois celle-ci derrière nous, nous entamons une belle descente de 3 kilomètres, nous menant en ville à l’approche de Redhill puis Gatwick et son fameux aéroport. Plus que 5 kilomètres avant de retrouver notre hôtel pour la soirée. Arrivés à destination, nous avons la bonne surprise de voir qu’un restaurant plutôt attrayant se trouve juste à côté. Nous n’avons plus qu’à nous installer, à commander une bière et un bon repas pour clôturer cette longue journée. Le bilan est plutôt positif et encourageant pour la suite car, malgré le vent qui nous a demandé beaucoup d’efforts toute la journée et de concentration nécessaire pour quitter Londres, nous ne sommes ni épuisé, ni éreintés !

 

Détails de l'étape :

Kilomètres parcourus : 73,3 km / dénivelé positif : 510 mètres / heures de selle : 4h48 / vitesse moyenne : 15,2 km/h / altitude max : 204 mètres

 


 

Étape 2 : Crawley - Horam

L'hôtel Holiday Inn de cette première nuit nous a permis de bien nous reposer et de prendre un petit déjeuner luxueux à l’anglaise : scrambled eggs (comprenez oeufs brouillés), accompagnés de sausages (saucisses), de viennoiseries et de toute sorte de boissons, il y en avait pour tous les goûts. Une fois repu, nous regardons par la fenêtre avant de se mettre en tenue. Une pluie abondante tombe sur Crawley, la sortie va être humide... Une accalmie nous laisse le temps de prendre la route. Nous retrouvons les réflexes développés la veille, à savoir rouler à gauche. Nous entrons rapidement sur des chemins que la pluie a détrempé durant toute la nuit. Forcément boueux, le jeu du début de sortie sera d'éviter les flaques. Après deux ou trois erreur de trajectoire, nous comprenons que nous ne rentrerons pas propre, alors que la pluie tombe à nouveau.

Une dizaine de kilomètres plus loin, nous quittons les sous-bois et retrouvons la civilisation. À East Grinstead nous apercevons de l’agitation, c'était le festival de la ville, une sorte de kermesse. L'église était particulièrement jolie, alors nous nous en approchons. Une vieille dame nous accueille avec un grand sourire. Extrêmement heureuse de nous faire entrer dans son église, elle nous escorte, veut nous faire visiter et nous présente une jeune femme qui a elle aussi fait le voyage Londres Paris à vélo. Elle nous raconte quelques anecdotes d’un trip bouclé en quatre jours seulement, tout organisé par une association humanitaire. Après avoir échangés sur ce sujet que nous maîtrisons mieux à présent, nous quittons ce beau monde en les remerciant de cet accueil très chaleureux. Nous nous arrêtons sur quelques stands sans rien acheter, car tous les espaces de nos sacoches étaient déjà optimisés, puis finissons de traverser la fête.

Nous franchissons quelques villages avant de prendre le long chemin forestier appelé "Forest way". Comme son nom l'indique il emprunte des sous-bois, relativement denses en végétation. De temps à autre, il nous laisse un point de vue dégagé, nous permettant de découvrir la campagne anglaise.

Une fois à Rotherfield, nos estomacs commencent à réclamer une bonne pitance. Au détour de la rue principale nous découvrons le King Arms, un chic petit restaurant typique du pays. Sur la carte qui nous a été proposée, nous choisirons le fameux "fish and chips" accompagné d'une bière blonde, il faut bien se plier aux coutumes locales. Nous avons bien mangé, dans une ambiance chaleureuse, c'était exactement ce qu'il fallait pour se ravitailler, avant de repartir sous le soleil.

Le terrain est relativement plat mais cela ne va pas durer. La route s'élève dans la campagne anglaise, des portions sinueuses au macadam impeccable entourées de forêts nous emmènent sur les hauteurs. Hauteur tout de même raisonnable, puisque nous ne dépassons pas les 200 mètres d’altitude. Mais au fil des bosses, les jambes commencent à tirer et la pluie revient à la charge. Il faut s'arrêter pour s'équiper de coupe-vent, de surchaussures et de pantalon de pluie pour ne pas finir trempé. L'averse perdure et nous suit jusqu'à ce que l'on bifurque dans une forêt. Le single est difficile car il monte, conservant des pourcentages raisonnables, tout en étant boueux et cassant à cause des cailloux et des pierres qui ont raviné. Alors qu'il nous réclame des efforts supplémentaires, nous prenons le temps de voir qu'il est superbe. Car de part et d'autre de celui-ci, la forêt était complètement recouverte d’un tapis de fleurs violettes. Qui, grâce à la pluie, voyait ses couleurs amplifiées, encore plus vives, rendant encore plus beau ce passage.

Côté matériel, nous soulignons que le guidon moustache du Sequoia est vraiment agréable sur ce type de chemin. Nous en tirons tous ses bénéfices dans les passages sinueux, caillouteux et plutôt lents. Je n'étais pas du tout attiré par ce type de guidon, notamment sur des vélos de gravel essayés précédemment qui proposaient une optique de performance. Je conçois en revanche qu'il est totalement adapté pour l'occasion. Il permet de conserver une parfaite maîtrise de l'engin et c'est dans ces parties techniques que cela est appréciable. Enfin, soulignons que la guidoline et la selle Specialized ont un revêtement en tissu qui a des propriétés de séchage très rapide. C'est une des belles surprises à noter, notamment en ces jours de mauvais temps.

Un peu plus loin, nous retrouvons une route un peu défoncée puis entrons sur le Cuckoo Trail. Mythique chemin de l'avenue verte que nous suivrons jusqu'à Horam, ville hôte de notre seconde nuit. Une fois arrivée dans cette campagne reculée, il nous faut nettoyer et faire sécher les tenues et les vélos. Après quoi, nous sombrons et nous endormons quelques instants. Le temps d'une petite sieste réparatrice qui nous permettra de mieux affronter la soirée. Nous n'avons toujours pas eu d'ennuis mécaniques, tant les vélos que les équipements assurent leur part du travail. À présent c'est au baume du tigre de faire son effet pour mieux anticiper la dernière étape anglaise à venir : Horam - Newhaven. L’hôtel dans lequel nous dormons est en fait un pub, auquel les propriétaires ont accolé un hôtel de 4 chambres et un restaurant. Pouvoir manger sur place était un vrai plus et cela nous avait permis de sélectionner ce logement. Seulement voilà, au moment où nous demandons des informations sur l’heure d’ouverture du restaurant, on nous répond dans la langue de Shakespeare : "le restaurant n’est pas ouvert ce soir". Surpris, nous demandons s'il y a un autre restaurant d’ouvert à Horam à cette heure-ci, il était 19h. Ce à quoi on nous réponds : "non non, Horam c’est tout petit et il n’y a que des pubs qui servent jusqu’à 17h. Vous devez retourner à Heathfield pour manger, c’est à 4 ou 5 ponts d’ici, si vous reprenez l’avenue verte". Glurps… 4 ou 5 ponts, c’est en fait 10 km à parcourir aller-retour, de nuit et sous la pluie. Autant dire que nous n’étions pas très motivés. Finalement, la mondialisation nous a rattrapé au milieu de la campagne anglaise... Nous avons commandé des pizzas chez Domino's. Pas très typique mais suffisamment copieux pour tenir jusqu’au lendemain matin. 

 

Détails de l'étape :

Kilomètres parcourus : 60,4 km / dénivelé positif : 644 mètres / heures de selle : 3h56 / vitesse moyenne : 15,3 km/h / altitude max : 189 mètres

 

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