Après un petit échauffement sur la route qui mène au col de Bassachaux, en étant poursuivi par Francis Mourey, et une rapide dégringolade sur une piste permanente de Châtel, les bosses de freinage ça vous réveille un mort, à 8h25 je me mets en grille en compagnie de Laurianne. J’ai pour mission en ce samedi 15 août de l’amener au bout du parcours dans de bonnes conditions. Connaissant la région et vu le niveau intrinsèque de Laurianne, cela devrait être une formalité. La mise en grille est rapide, l’ambiance reste conviviale malgré nos masques…
On dirait que l’on s’habitue gentiment à cette étrange période. Vivement 2034 et la fin de cette crise ! ;-)
Le départ est donné en descente, mais sous conduite on file gentiment. La meute est lâchée vers le Linga, une remontée de deux ou trois kilomètres va étirer le peloton avant une première descente bien cassante. Certains partent au taquet, ils explosent vite. Puis sur la première descente les premières crevaisons surviennent, les bidons tombent aussi en pagaille. Trop d’engouement en cette période, c’est presque normal, mais je souris tout de même intérieurement. Perso, en utilisant le système Fidlock, notre essai est à lire ici, mes bidons ne devraient pas la poudre d’escampette. Laurianne est parti sur un vélo qu’elle ne connaît pas, elle joue de prudence.
Sur le bas de la Valllée d’Abondance, nous logeons la Dranse sur quelques kilomètres. C’est plat, mais ça tourne beaucoup, c’est plaisant à rouler. Mais ça ne dure pas… La montée du col de Recon approche, la grimpette fait 6’600m sur une pente moyenne de 10.6%. Laurianne prend son rythme de croisière, elle remonte les coureurs un par un ou par petite grappe. Cette montée est plus longue que dans mes souvenirs. Un peu avant le sommet, je crois un moniteur de VTT qui m’encourage avec ses jeunes élèves. En guise de remerciement, je réalise un petit wheelie.
La plus grande partie de cette ascension se passe sur la route.
Au sommet, ça plonge sur Torgon. La première pente est abrupte. Ma coéquipière du jour n’aime pas trop ceci. Je fonce, comme cela je vais avoir le temps de faires quelques photos plus bas. Les concurrents sourient, ils gèrent leur course.
Oui, oui Laurianne, le parcours plonge ici…
Le ravitaillement se trouve à l’entrée de Torgon, en descente. Ce n’est pas idéal. Nous nous arrêtons que brièvement.
La deuxième montée se profile, c’est gravel dans un premier temps, ça monte un peu, ça descend légèrement, ça remonte. Lé je ressens une gêne et une douleur dans ma hanche gauche. Je pédale carré… Heureusement que je ne me suis pas mis en mode «course» ! A la bifurcation de la route menant à Draverssaz, le gravel cède sa place au bitume, la pente se fait également plus soutenue jusqu’aux Portes de Culet. Non, ce n’est pas un gros mot… ! Là au sommet, la vue est normalement splendide sur le massif des Dents du Midi. Mais à la mi-août, les nuages ont décidé de jouer aux trouble-fête.
C’est à travers quelques zigzags sur les hauts de Morgins que nous rejoignons le plus rapidement possible le lieu-dit de Pleine Dranse à Châtel. Les orages de l’avant-veille ont créé des dégâts sur les sentiers du tracé, de ce fait l’organisation à quelque peu simplifier le parcours. Le final se passe sur le bitume, le vent est de face, je mène le rythme tranquillement. C’est ainsi en douceur que nous franchissons la ligne d’arrivée en un peu moins de trois heures, une dizaine de minutes après la première féminine (Virginie Perizzol). Le vainqueur scratch, le Genevois Alexandre Cesné aura lui mis juste un peu moins de deux heures vingt minutes pour boucler les 56km du parcours garnis de plus de 1’800m de D+, il s’impose devant le skieur local Didier Blanc .
- Le site officiel de la Châtel Chablais Léman Race
- Les classements MSO Chrono
- Notre trace Strava
L’avis de Laurianne
Ma vision du gravel est la suivante : c’est une pratique qui mélange la route et des chemins où l'on s'ennuierait en VTT. J’apprécie les montées mais je me sens souvent mal à l’aise en descente et dans les parties techniques.
Le tracé de la Châtel Chablais Léman Race Gravel a répondu à mes attentes, à savoir deux longues montées partagées entre route et routes 4x4 plutôt roulants, des descentes faciles mais à gérer avec prudence (revêtement / présence éventuelle de voiture / trous dans la chaussée...), c’était pour moi bien équilibré pour une épreuve assez courte au niveau du kilométrage.
Vingt mois après avoir accroché mon dernier dossard, j’ai fait le choix de ne faire aucune reconnaissance, ne pas (trop) me renseigner sur le parcours afin de vivre la course dans l'instant et ne me faire plaisir, une composante que je n'avais pas ressentie lors de mes participations à des cyclosportives comme la TMMB ou les Marmottes.
Le départ est très rapide pour le peloton et poussif de mon côté. La montée du col de Recon avec ses forts pourcentages est à mon avantage. Les sensations sur l'Origine Graxx que je découvre sont très bonnes. Par la suite ça sera confirmé après analyse des vitesses ascensionnelles. La montée aux Portes de Culet, plus exigeante et pleine de relances me paraît interminable même si je suis bien physiquement. Le passage en Suisse est un vrai plaisir, l'ambiance, les paysages, les promeneurs qui vous encouragent me rappellent les bons souvenirs vécus sur les pentes de l'Inferno. Bien secouée par la dernière descente, je laisse mes dernières forces dans les derniers kilomètres avant l'arrivée. Le parcours est bouclé en moins de trois, c’est pile-poil que je m'étais fixé.
Notre avis
Plus ou moins soixante-dix adeptes de gravel ont pris le départ de cette course. Vu le manque d’épreuves cette années, j’aurais pensé voir plus de monde. Si tout ne fut pas parfait sur cette première, cela reste quand même une réussite. L’organisation et les bénévoles ont bien travaillé. Trois éléments restent cependant améliorables :
- Le ravitaillement en descente ce n’est pas idéal.
- Il serait profitable de redessiner légèrement le parcours, notamment au niveau de la Jorette et des Portes du Culet. Là il existe de meilleurs choix à faire.
- Il faudra impérativement mieux sécuriser le parcours, par endroits, et briefer les participants du danger des véhicules circulant sur les routes 4X4. Virginie Perizzolo, première chez les femmes, s’est fait renverser par une voiture.