Test BH Core GravelX 2.6 : une certaine audace

Marque parmi les plus actives en matière d'électrique, BH présente aussi la particularité de développer son propre moteur. Nous l'avons découvert sur le GravelX 2.6, comme son nom l'indique un gravel... en aluminium qui illustre bien les choix atypiques de la firme ibérique.
Publié le 25/11/2020 08:54 -

Core : c'est le nom choisi pour rassembler sous une même appellation tous les électriques équipés du moteur BH.

BH fait partie des marques les plus en vue en matière d'électrique et ceci peu importe la pratique : qu'on parle d'urbain, de route, de VTT ou de Gravel, la gamme de la firme ibérique est très large et complète. Elle présente également une particularité : si BH fait appel à Brose ou encore Shimano comme motoristes, elle développe aussi son propre moteur, ce qui fait d'elle un cas à part sur le marché. Les vélos équipés de celui-ci portent tous la même appellation : CORE. Tout récemment, un nouvel E-Road en carbone est ainsi venu agrandir la grande famille. Mais on ne s'attardera pas plus pour l'instant sur les grands rubans en bitume pour s'arrêter au contraire sur un autre vélo et une autre pratique avec ce test du Core GravelX 2.6. Celui-ci fait partie des trois modèles gravel en aluminium chez BH (2.2, 2.4 et donc.... 2.6), celui-ci est le mieux équipé des membres de ce trio. A noter à titre d'information qu'il existe par ailleurs deux versions en carbone (GravelX Carbon 2.7 XPro et GravelX Carbon 2.6).

Le Core GravelX 2.6 est l'alu le plus haut de gamme. Pour un peu, il passerait presque pour un vélo sans assistance.

Pas besoin de tourner autour du pot ou d'examiner la machine dans ses moindres recoins, ce qu'on remarque sans doute en premier visuellement, c'est la qualité de l'intégration sur ce Core GravelX 2.6. C'est fou ce qu'un vélo électrique a, dans certains cas, tendance à ressembler de moins en moins à un vélo électrique. Même plutôt massive avec ses 540 Wh de capacité, la batterie vient se loger assez discrètement dans un tube diagonal qui, de profil, a l'allure de certains aéros dépourvus d'assistance. Et puis, il y a le moteur : ce dernier ne passe certes pas inaperçu mais sa compacité ne donne pas au boîtier de pédalier une apparence disproportionnée. Esthétiquement, c'est réussi mais ce n'est pas son seul atout : ce volume réduit est bénéfique dans la conception du cadre car il permet de réduire la longueur des bases et des haubans, son étroitesse laisse aussi la possibilité d'abaisser le QFactor à 163 mm seulement, une valeur plus proche de ce qu'on retrouve sur un vélo sans assistance et qui favorise un pédalage plus "naturel".

Le moteur BH se distingue notamment par sa compacité. On remarque également le port de charge, la batterie n'étant pas amovible.

Mais quelles sont les principales caractéristiques de ce moteur ? Son CV annonce 250 W de puissance avec quatre niveaux d'assistance, un couple à 65 Nm pour un poids à 2,5 kg. Le GravelX 2.6 en affiche lui 17,5 sur la balance. Cela n'en fait pas un poids plume, mais il reste dans une bonne moyenne surtout si l'on considère que son cadre est en alu et encore une fois la taille de sa batterie, qui est relativement lourde. Tant qu'on y est, et puisqu'on ne peut pas gagner sur tous les tableaux non plus, l'intégration de cette dernière fait qu'elle n'est pas amovible. Il faut donc la recharger sur la prise prévue à cet effet sur le vélo. On a pu vérifier que l'opération était relativement rapide, dans les chiffres communiqués par BH, voilà ce que ça donne pour avoir un ordre d'idée plus précis : une heure et demie seulement est nécessaire pour passer de 0 à 80 % de charge, c'est plutôt pas mal.

Le display vous aidera à évaluer le niveau de batterie restant... Il vous renseignera bien sûr aussi sur le mode d'assistance sur lequel vous vous trouvez. Du classique. Là où ça l'est moins, c'est l'endroit où s'intègre le dit display. Pour le voir, il vous faudra en effet jeter un oeil à l'une des extrémités de la potence, plus précisément... au-dessus de la colonne de direction. Là, c'est un code couleurs (vert, jaune, orange et rouge) qui vous fournira des informations aussi précieuses que minimalistes. C'est un parti pris de BH : plutôt qu'un grand écran de contrôle délivrant pléthore de chiffres, la marque ibérique a choisi une approche plus intuitive. Il y a ceux qui apprécieront. A l'inverse, d'autres se sentiront démunis sans leurs stats sous le nez en roulant.

Le cintre est le prolongement direct d'un cadre très épuré où l'intégration est particulièrement réussie. 

Un display avec un code couleurs et un bouton poussoir pour changer de mode. L'approche de BH est singulière et aura ses adeptes comme ses détracteurs.

Cet endroit sur la potence est d'autant plus stratégique que c'est aussi là qu'on change de mode. Comment ? En appuyant sur un petit bouton poussoir. Une pression pour avoir plus de puissance, deux pour redescendre d'un niveau. Simple en théorie. Toutefois, en pratique, cela impose de lâcher le guidon d'une main pour effectuer l'opération. Le geste se fait facilement quand on roule sur un billard, mais il faut bien reconnaître qu'il n'est pas le plus sécurisant qui soit lorsqu'on évolue sur un revêtement plus chaotique. Clairement dans ces conditions, on a plutôt tendance à laisser venir et à attendre un moment plus propice.

Doté de ce display atypique et des passages de gaines en interne associés, le poste de pilotage du Core GravelX 2.6 (le cockpit ACR de chez FSA) est en tout cas une petite merveille d'intégration. C'est d'ailleurs tout l'équipement du BH qui est à créditer d'un quasi sans faute. Cela va de la transmission mixant différents composants Shimano aux freins Ultegra en passant par les roues GRX à la fois dynamiques et fiables pour encaisser les traitements parfois virils de la pratique Gravel électrique. On ne présente plus non plus les pneus Schwalbe G-One en 38 mm de large et compatibles Tubeless, qui font partie des références du milieu avec leur cramponnage parfait pour les terrains roulants et pour autant pas largués quand le sol devient moins accueillant.

Un dérailleur arrière GRX, grand classique efficace du monde Gravel.

Roues GRX et pneus Schwalbe, là aussi c'est du sûr.

Petits crampons et largeur de 38 mm.

Les freins Ultegra font aussi parfaitement leur job. A noter cet axe avec son petit levier rétractable qui n'oblige pas à se servir d'une clé. 

LE TEST

Pour ce test, qui n'est pas un essai longue durée, mais plutôt une prise de contact, BH nous a mis à disposition un GravelX 2.6 en Medium. Le bon choix pour notre m78. Cependant, les plus petits et les plus grands d'entre nous risquent de ne pas forcément se sentir aussi à l'aise car la marque espagnole décline son vélo en trois tailles seulement (S, M et L). Attention donc, le mieux est encore de pouvoir monter sur un vélo si on en a la possibilité avant de faire son choix le cas échéant.

Ceci étant dit, les premiers tours de roues au guidon de cet E-Gravel renseignent rapidement sur un point : le moteur BH se montre plutôt silencieux, ce qu'on aurait plutôt tendance à apprécier. On perçoit tout juste ce qui ressemble à un léger bourdonnement, donc aucun bruit trop envahissant émanant du moteur. Pour l'ouïe, on valide donc, pour le toucher en revanche, il faut un peu de temps pour acquérir des automatismes. En effet, se familiariser avec le changement de modes d'assistance réclame un peu de pratique. On n'a d'abord pas du tout l'habitude d'aller chercher le dessus de la potence et d'appuyer dessus pour effectuer l'opération. Heureusement, peu à peu, le temps fait son oeuvre et ça va mieux, mais on doit bien avouer qu'on s'y perd parfois. Ainsi pour rétrograder du mode le plus élevé jusqu'à couper l'assistance, il faut compter pas moins de huit pressions successives sur le bouton. Pas ultra pratique, surtout dans les sections vraiment tout-terrain, où on appréhende parfois de lâcher le cintre d'une main pour aller chercher le fameux bouton. Cela dit, l'approche de BH a le mérite d'être différente et audacieuse, alors...  

Autre point, l'échelonnement de la puissance nous a par ailleurs semblé offrir une bonne progressivité. Le premier mode offre déjà un support sensible et cela monte bien crescendo. Pleine "patate", le rendu est carrément musclé et peut même s'avérer un peu brutal. Il faut s'y préparer et tenir le vélo sous peine d'être parfois un peu désarçonnés. Mais on peut finalement facilement se contenter des modes "mineurs", si on ose dire, pour avancer. Le 3 est peut-être à privilégier pour s'attaquer à des sections techniques. Remarquons au passage que nous n'avons pas utilisé l'application Core App permettant de paramétrer soi-même le niveau d'assistance mais il existe cette possibilité pour les geeks qui voudraient éventuellement affiner leurs réglages. 

On a également apprécié les phases de transition sur le BH. Ainsi quand on bénéficie à nouveau de l'assistance après avoir été au-delà du bridage, le changement est plutôt feutré. La puissance revient en douceur. Même chose quand on dépasse les 25 km/h et que le moteur coupe, on n'a pas trop l'impression d'avoir un élastique qui vous tire vers l'arrière. La sensation est là encore assez lissée. Il faut dire que généralement, ce BH s'emmène plutôt bien. Le pédalage est fluide et sur le plat, on peut envisager de rouler à 30 km/h sans fournir trop d'efforts. Evidemment, au-dessus, ça commence à se compliquer logiquement, mais on est bien ici sur un Gravel et c'est une vitesse déjà fort respectable pour ce type de vélo qu'on attend plus sur chemin et sentiers que pour aller tirer des bouts droits sur le bitume.

Alors justement, comment ce BH se comporte-t-il en "tout-terrain" ? Eh bien, dans les petits singles sinueux qu'on a par exemple eu l'occasion de mettre sous ses roues, il a montré une belle vivacité pour son statut d'électrique. Quand certains E-Bikes se montrent patauds et durs à manoeuvrer, le GravelX s'en sort avec les honneurs. Il s'est montré en effet assez agréable à piloter pour peu que le terrain demeure relativement peu hostile. Dans la pente, il reste difficile d'aller se placer derrière la selle et de bien bouger sur le vélo. Il vaut mieux également éviter les endroits réellement cassants. Le cadre en aluminium est en effet très rigide, comme la fourche en carbone du reste, et on a tendance à rebondir sur les impacts, ce qui rend le contrôle pas toujours simple dans ces circonstances. Mais le BH est-il fait pour le dépassement de fonctions ? On répondra que non, c'est un Gravel au guidon duquel on appréciera d'alterner portions de route, grands chemins gravillonnés et petits sentiers ludiques et roulants dans un esprit de découverte sage qui lui convient si bien.

FICHE TECHNIQUE

Cadre : Gravel Alloy 28 Internal Cable Routing

Fourche : BH Gravel Carbon ACR 

Moteur : Core BH 2E-36v - 250 W, 65 Nm

Batterie : BH Core 540 Wh

Dérailleur arrière : Shimano GRX

Pédalier : FSA - 42 dts

Cassette : Shimano SLX

Commande : Shimano Ultegra

Roues : Shimano RX570

Pneus : Schwalbe G-One 

Freins : Shimano Ultegra - 160 / 160 mm 

Cintre : FSA SLK

Selle : Prologo Kappa 2

Tige de selle : EVO carbone 27,2 mm

Prix : 4099,90 euros

LA GÉOMÉTRIE

LA GAMME CORE GRAVELX

Core GravelX Carbone 2.7 XPRO (720 Wh) : 6299,9€
Core GravelX Carbone 2.6 (540Wh Option batterie Xpro complémentaire de 180 Wh) : 5499,9€
Core GravelX 2.6 (540 Wh Option batterie Xpro complémentaire de 180Wh) : 4099,9 € 
Core GravelX 2.4 (540Wh Option batterie Xpro complémentaire de 180Wh) : 4499,9€
Core GravelX 2.2 (540Wh Option batterie Xpro complémentaire de 180Wh) : 3999,9€



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