Il a appris tout seul, à souder, à travailler l’alu. Et puis il y a eu ses amis, qui n’y sont pas pour rien, Portland ( aux Etats Unis dans l'Oregon) est un nid de passionnés de bicyclettes. On y dénombre plus d’une vingtaine de constructeurs, artisans à l’image de Tony, c’est aussi là que se trouve le célèbre constructeur de composants Chris King. Dans son art, Tony est le meilleur, ce qui lui a valu à plusieurs reprises de recevoir un prix pour cela, à l’occasion du festival annuel des constructeurs de vélo ''à la main'', ici même à Portland. Ça ne s’invente pas.
Tony a connu la déferlante du VTT dans les années 80 aux USA, et il le pratique régulièrement à coup de single speed et de 29’ réalisés par ses soins. Sa selle, une brooks ! Je lui dis qu’il est un grand malade, il me dit de toucher comme le cuir est souple… Certes… Mais combien d’heures de selle avant d’en arriver à ce résultat ?
On comprend à quel point Tony est un fanatique de deux roues quand on aperçoit une photo de lui même aux 24 heures de Moab VTT, avec une fourche rigide, confectionnée par ses soins. C’est comme si l’idée même d’ajouter une fourche avec une suspension défigurerai l’esthétique de son vélo. Respectable. Le mythe de l’âge d’or.
À l’heure où la bobo attitude gagne le monde entier, et Portland entre autre, un superbe marché de commandes personnalisées de vélos de ville, s’est ouvert à lui. Et il en vit. Et il est heureux, il le dit lui-même, chaque matin, il se réveille et vit la vie dont il rêvait. On parle même de liste d'attente... Pour chaque vélo, il passe le temps nécéssaire, et hors de question de rentrer dans une logique de délais, plus votre demande est folle plus il prendra plaisir à y passer ses journées.
Il lui faut plusieurs semaines de travail pour finaliser une commande, mais il aime ça, trouver des solutions pour satisfaire les lubies de ses clients tout aussi exigeant que lui lorsqu’il travaille ses bébés. Son dernier en date sera présenté à un concours, Tony a cherché à mettre en place des solutions pour la ville, un énorme panier avec un sac waterproof et cadenas intégré au cadre. Qui plus est, la couleur est magnifique. Tony a du goût, un amour du vintage revisité.
Fort d’une collaboration avec Ira Ryan, Tony Pereira a créé pour Rapha, la marque de vêtements haut de gamme anglaise, le modèle continental: en vente sur le site de Rapha , seulement une quinzaine ont été vendus autour du monde à ce jour. Peut être un jour, un vélo de collection?
Pourquoi j’aime cette démarche ? Parce que nous vivons dans un monde où les nouveaux modèles s'enchainent sous couvert de pseudo nouvelles technologies à chaque nouvelle saison. Et j’aime l’idée qu’on prenne son temps et son argent pour avoir ce vélo parfait à ses propres yeux, et qu’ensuite, année après année, on éprouve le même plaisir à le rouler tous les jours pour aller au travail, faire ses courses, aller chercher ses enfants à l’école, quand on a cette possibilité ou que l’on s’en donne les moyens. Et que ces quelques coups de pédales, tôt le matin et tard le soir soient autant de minutes de voyage loins de la ville et de ses tumultes.
Pour plus d'information retrouvez toutes les créations de Tony Pereira sur son site : www.pereiracycles.com
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