Un lendemain de Tour de France, les mines sont un peu chiffonnées. Trois semaines sur la brèche, ça use, et le constat ne vaut pas que pour les coureurs, les suiveurs aussi terminent la Grande Boucle un peu sur la jante. Peu importe, l’occasion était trop belle : Look a profité de la présence à Paris de nombreux champions pour les convier et les rassembler dans un hôtel de la banlieue chic, lundi, lendemain de l’arrivée.
Il s’agissait là de revisiter une histoire de trente ans, débutée avec l’arrivée des premières pédales automatiques en 1983 et la sortie du premier cadre carbone, deux ans plus tard. Une saga où fusionnent technologie et performance, qui a donc défilé sous nos yeux et nourrie par les témoignages de très nombreuses figures emblématiques de la marque installée à Nevers.
Des personnalités, une vedette
Bernard Hinault, Laurent Jalabert, Luc Leblanc, David Moncoutié ou encore Adrien Petit, le jeune routier sprinteur de l’équipe Cofidis se sont succédé au micro de Marc Maury pour parler de leur expérience. Et de leurs liens étroits avec Look. Les pistards Florian Rousseau et Arnaud Tournant étaient également présents.
Ce parterre de champions s’est ensuite effacé pour laisser la place à l’autre vedette de la journée : on veut parler du nouveau look 795 Aerolight, présenté en grandes pompes et autour duquel le secret avait été bien gardé.
Légèreté oui... mais aérodynamisme aussi !
La firme française s’était en effet montrée très discrète sur ce nouveau vélo, qui va plus loin que le 695 déjà connu. Il est tout aussi léger, mais possède un atout supplémentaire : son aérodynamisme. Look a relevé le challenge de combiner les deux composantes au prix d’un énorme travail des ingénieurs aérodynamiciens validé par de nombreux tests en soufflerie.
Le cadre (tube de selle, tube diagonal, douille de direction, fourche et haubans) a été dessiné selon le profil NACA qui a cours dans le milieu de l’aéronautique. Tout un programme ! Look annonce avoir déposé pas moins de onze brevets pour son 795 Aerolight, concentré d’astuces et de technologies en tous genres.
Maximum intégration
Qui dit aérodynamisme, dit forcément intégration. De fait, rien ne dépasse (ou presque) sur le cadre (en carbone 1,5 K) : le frein arrière au standard Directmount est placé sous les bases, quant aux deux «mâchoires» à l’avant, elles prennent place dans deux petites fenêtres logées dans chacun des bras de la fourche, 100% carbone monobloc et annoncée à 320 grammes.
Look a également soigné tout particulièrement les routages, qu’ils soient mécaniques ou électriques. Les câbles sont ainsi réunis devant la douille de direction, contournent ensuite les roulements pour être ensuite dispatchés dans le cadre; en montage Di2, la jonction A est logée dans un petit emplacement derrière la potence et non dessous comme de coutume.
Ingénieuse Aerostem
La transition est toute trouvée vers le poste de pilotage et la fameuse Aerostem. La potence carbone affiche un poids riquiqui de 160 grammes, mais elle se passe également du traditionnel «capot» pour adopter un collier de serrage, dont les vis sont cachées derrière le cintre. Là encore, c’est intégration maximale jusque dans le détail ! Look propose une plage de réglages très large oscillant entre +17 et -13°, de quoi trouver son bonheur. Même chose pour les six longueurs au choix : 80, 90, 100, 110, 120 ou 130 mm. La hauteur de la potence peut également se régler sans toucher au jeu de direction grâce au concept CFD, le kit de compression étant remplacé par un simple bouchon.
On passe à la tige de selle E-Post 2, qui absorbe les vibrations grâce aux élastomères et dont le serrage / desserrage est un jeu d’enfant : un demi-tour de vis... et le tour est joué ! On notera encore sa compatibilité MonoLink ou standard.
Le pédalier Monobloc ZED 2 clôt ce tour d’horizon : comme son nom le laisse entendre, il est moulé en une seule pièce (manivelles+axe+étoile) et est annoncé à seulement... 320 grammes. Il est monté avec un boîtier spécifique avec des roulements de 65 mm de diamètre.
Le cadre en Tunisie, l’assemblage en France
Le 795 Aerolight sera proposé en cinq tailles différentes; en S, le poids du pack qui comprend cadre+fourche+JDD+pédalier+potence+étriers de freins+tige de selle est annoncé à 2400 grammes. Quatre coloris seront disponibles. On notera encore que le châssis sera fabriqué en Tunisie mais que le vélo sera assemblé en France, à Nevers. Une version Light sera commercialisée parallèlement à la version Aero, c’est-à-dire sans les freins intégrés, ce qui rassurera les coursiers (pour le dépannage express en course...) ou les pratiquants pas forcément emballés par tant de changements.
Rigide oui, mais pas exigeant
Eh oui, le 795 Aerolight nous emmène dans une nouvelle ère et fait prendre d’un coup quelques années à nos bonnes vieilles bicyclettes (qui n’étaient pas si vieilles que ça au demeurant). Mais au fait, comment il roule ? Quelques tours de roues autour de l’anneau de Longchamp ne constituent certes pas un test, mais on a donc pu enfourcher ce nouveau Look l’espace d’une heure au grand rendez-vous des cyclistes parisiens. Ce qui nous a le plus surpris, c’est le côté accessible du vélo, rigide, mais pas exigeant. On a tous plus ou moins connu cette impression de buter sur un faux-plat avec un cadre trop raide, d’aller chercher les watts... mais non, il n’y a plus rien. Le 795 Aerolight est plus permissif. Plus vivant. Il se laisse emmener même si on n’a pas les cuissots de Kittel. Look n’a du reste pas voulu en faire un 695 bis, trop exclusif. Il semble bien que ce soit le cas. Mais on attendra de rouler sur plaine et bosses, à l’occasion d’un vrai essai pour valider ces premières impressions prometteuses.