Texte : Amaël Donnet
Images : Vincent Becqué. Amaël Donnet, Laurent Miglietta & Damien Bisetti
Préambule
Cet essai se veut «mécano-philosophique», nous avons suivi un cheminement singulier, propre à nos souhaits, à nos désirs, à notre terrain, à notre physiologie et aux pièces que nous disposions dans notre atelier. Il y a des pistes à explorer, de la simplicité à trouver, des configurations à adapter. Tenté ? Si oui, maintenant, c’est à vous de jouer… ou pas selon votre humeur ;-)
A l’origine il était gravel
A la lecture de l’essai du Rose Xeon Cross Gravel , vous savez tout sur tout. Que rajouter ? Si fondamentalement rien ne change en 2019, tout du moins au niveau de la construction du châssis, le vépéciste a rebaptisé ce modèle Backroad et les peinturent évoluent positivement. les décorations ont évolué dans le bon sens. Deux changements qui peuvent paraître de prime abord insignifiants, mais qui apportent une touche de modernité bienvenue.
En mode cyclo-cross – l’adaptation la plus simple
L’âme de ce Rose est presque plus typée cyclo-cross que gravel, il est donc très simple de l’adapter à cette discipline : un changement de pneumatiques suffit et on enlèvera éventuellement le porte-bidon afin de faciliter le portage. Pour le reste, nada, on ne change rien ! Pour ceux qui visent les podiums sur les courses nationales, la facture risque de s’élever considérablement. Ceci pour deux raisons principales :
- Quand les conditions se font extrêmes, il est très pratique d’utiliser deux vélos. On repart entre les tours avec un vélo débarrassé de la boue, la transmission fonctionne aussi de manière plus fluide.
- Même si les pneumatiques ont énormément progressé ces dernières années, notamment avec l’arrivée du tubeless, les boyaux sont supérieurs en terme de grip et de confort. Vu que ces derniers ne se changent pas aisément, il n’est donc pas idiot d’avoir plusieurs jeux de roues, à adapter selon les conditions.
La transition gravel / cyclo-cross se montre donc aisée, sauf si on rechercher la performance pure et dure. Mais cette situation ne concerne qu’une infime élite des «crossmen».
Quittons les sentiers et les labours pour retrouver l’asphalte
Pour passer aisément d’une utilisation gravel à la route, l’idéal c’est de posséder une deuxième paire de roues. Pour un changement rapide, il faut donc prévoir le prix d’une paire de roues, de deux pneumatiques, d’un set de disque et d’une cassette. Pour notre essai, en fouillant dans notre garage, nous avons trouvé des anciennes roues DT Swiss Spline 38 DB. Plus très modernes à cause de leur profil en «V», elles restent cependant des roues très dynamiques et relativement légères. Nous les avons équipées avec des pneumatiques Vittoria Corsa en 25mm de large et des jantes en latex. Après quelques sorties, nous avons trouvé que nous tirions un peu court au niveau du braquet maximum (à savoir 40X11). De ce fait, nous avons testé plusieurs plateaux avant d’opter pour un quarante-huit dents. Cette modification a nécessité un changement de chaîne (plus longue). Si le prix de cette transformation n’est pas négligeable, elle reste largement inférieure à l’achat d’un deuxième vélo.
L’essai «route» du Rose Xeon Gravel Cross s’est passé à travers nos habituelles sorties dans la plaine de Rhône et dans les Alpes. Nous n’avons pas testé ce montage en compétition. Si notre braquet reste plutôt réservé aux gros cuissots, en période de forme, nous avons pu jongler entre les disciplines en changeant uniquement les roues. Avec de bonnes roues et des pneumatiques relativement typés «boyaux» au niveau de la sensation de roulage, ce gravel se métamorphose en un bon vélo de route. Sa géométrie ne pénalise pas le rendement, sa nervosité reste de bon aloi. Evidement il n’a pas la rigidité, ni l’explosivité d’un modèle route axé compétition, mais son comportement global est bon. On peut compter sur lui, c’est un fidèle compagnon et si on vous sème, ça ne sera pas la faute du vélo, mais de vos gambettes ! Sa seule réelle limite concerne l’étagement de la cassette. On doit parfois composer avec des trous entre les braquets. Si ce fait n’est pas trop gênant en gravel ou en cyclo-cross cela se ressent plus sur la route. Un sentiment que nous avons déjà vécu à travers notre expérience de dix-huit mois en Sram Force 1. A travers ce sujet, il est également possible de découvrir les plages de braquets existants pour les transmissions Sram 1X11.
Notre bilan
De nos jours, en optant pour un gravel, il est possible de presque tout faire si on ne recherche pas la performance absolue. En changeant les roues, ou uniquement les pneumatiques, et en adaptant parfois les braquets, il est possible de passer de la route, au cyclo-cross et au gravel. Cette simplicité à un coût et il faut parfois passer par la case «atelier». Motivé ? Si votre réponse est affirmative, nous vous conseillons de vous tourner vers un gravel doté d’un double-plateau. En gravel et en cyclo-cross, nos faveurs vont au monoplateau, dans le cadre d’un usage ultra-polyvalent, ce n’est toutefois pas la meilleure option… Tout du moins avec les composants actuels ! Pour rester dans la philosophie de notre gravel, qui a servi pour cette exploration, notre choix se porterait sur le Rose Backroad Ultegra Di2. Il existe de nombreux modèles qui se prêtent à cette expérimentation, la liste est trop longue pour être citée.