La marque canadienne Argon18 n’est plus à présenter. Aujourd’hui elle revient avec un nouveau gravel, le Dark Matter. Aux premiers abords, il affiche un profil racé, une géométrie moderne, l’essence même de la marque à la molécule.
Nous terminons le montage, peaufinons les derniers réglages et enfourchons la bête. La boucle sur laquelle nous partons nous est familière, alternant des parties roulantes, des bosses avec un bitume un peu défoncé, des chemins en sous-bois, un cocktail intéressant pour cette prise en main.
Sur les parties roulantes il semble très efficace, on est bien posé, ça tourne rond, le pédalier FSA fait le job. Le plateau en 42 est un peu juste lorsque l’on veut pousser un peu plus fort, car même tout à droite, sur un faux plat descendant on mouline assez rapidement. En revanche, on monte aux arbres sur les bosses raides. L’une d’entre elles possède quelques passages en sortie de virage avec des pourcentages à plus de 20%, mais ça passe. Ce braquet tout à gauche en 42 / 42 est diabolique !
Au sommet, on bascule vers un sentier assez roulant en gravier blanc, on ne constate pas forcément de changement, quelque soit le sol, ce vélo reste réactif et propre dans les trajectoires. L’empattement étant plus court que la moyenne, cela influe directement sur sa réactivité et nous le sentons au pédalage.
Le cadre carbone est relativement léger, 1 246 gr en taille Medium. Il reprend une géométrie moderne que l’on retrouve chez d’autres grandes marques. On constate cependant des spécificités telles que les bases asymétriques, avec celle côté dérailleur abaissée. Assez courtes, 428 mm quelque soit la taille du cadre, elles ajoutent un grain de folie au vélo en le rendant joueur à souhait.
Les haubans assez fins et larges assurent l’absorption des vibrations, alors que le top tube plat et très large ajoute de la rigidité. Cela associé à une douille de direction surdimensionnée et un boîtier de pédalier costaud, forcément l'ensemble répond bien au coup de pédale.
La fourche joue un rôle déterminant sur ce vélo, notamment grâce à son déport de 54 mm sur les tailles de cadre XXS, XS et S (notre cas avec un cadre Small) et 49 mm pour les autres. Son profil aéro rappelle l’orientation de la marque et son axe traversant de 12 mm permet d’avoir une rigidité modérée, notamment dans les parties engagées.
Le cintre moustache offre une stabilité lors des passages boueux ou des descentes techniques et sinueuses. Nous ne sommes pas forcément accrocs à ce type de cintre car il nous semble difficile de tenir la position sur des sorties vraiment longues... Cependant, nous avouons bien volontiers qu’il est redoutable dans les singles en sous-bois.
D’un point de vue esthétique, nous le trouvons tout simplement épuré sur ce montage en mono-plateau (support de dérailleur avant démontable), avec un système de câble modulaire compatible avec toutes les transmissions modernes (mécanique, Di2, eTap, EPS) et des freins à disques Flat Mount. C’est élégant et efficace, souligné par une couleur sablée du plus bel effet. C’est un cadre qui n’est pas tape à l’œil mais qui ne passe pas inaperçu. Nous avons eu pas mal de questions sur ce vélo, notamment sur un cyclo-cross auquel nous avons pris part.
Les détails sont soignés donc, et les astuces ne sont pas en reste. Nous retrouvons deux vis sur le tube supérieur près de la douille de direction pour permettre le montage d’une petite sacoche. Eh oui, le Dark Matter est un vélo adapté aux épreuves d’endurance et aux très longues sorties. Aussi, sous le boîtier de pédalier est placée une protection en plastique épais, afin de le protéger des franchissements et des projections de graviers.
Quant aux roues, Argon18 fait confiance à Vision pour une grande partie de sa gamme. Les Vision Team 30 Disc sont plutôt des roues d’entrée de gamme, 1900 grammes la paire en aluminium pour une hauteur de jantes de 30mm et des disques en Centerlock. Plutôt orientées route, elles font l’affaire, mais disons que ce sera un des moyens facile pour upgrader de façon considérable le vélo.
Malgré le plaisir pris sur les sentiers, nous nous sommes laissé tenté par un cyclo-cross au guidon du Dark Matter, histoire de voir ce qu’il a dans le ventre en mode course. Pour cela, nous changeons les pneus et profitons du large dégagement, jusqu’à 48mm, on a de la marge… Nos Continental X-King passent aisément donc, et s’installent facilement sur les roues Vision.
Les dernières intempéries ont rendu le terrain particulièrement boueux et glissant. Les organisateurs ont pris aussi du plaisir à ajouter des dévers et quelques passages techniques pour régaler les coureurs, les spectateurs et les photographes… Nous partons 4ème ligne, pas évident pour faire un start correct, mais comme on aime bien jouer des coudes, cela fonctionne et nous grattons des places avant le premier virage. Une chute survient rapidement, nous tentons de contourner mais la boue rend la tâche complexe. Au fil des passages, les marches d’escaliers en terre deviennent de plus en plus lisses, toute la partie herbeuse se transforme en tranchées, et les virages commencent sérieusement à se creuser en ornières.
C’est dur physiquement mais le Dark Matter est imperturbable. Les relances sont vives, les trajectoires sont assurées malgré la boue, il ne chasse pas. Son poids raisonnable le rend docile sur les différents portés. Bref, c’est en étant agréablement surpris par la machine que nous terminons ce cyclo-cross. Contents et recouverts de boue, puisque la pluie s’est invitée à la fête, nous réalisons n’avoir fait les frais d’aucun ennuie mécanique. Un exploit de taille car nombreux sont les concurrents qui ont du s’arrêter à cause de pépins.
Verdict, Argon18 a réussi à faire de ce gravel un jouet. C’est à dire qu’il est réactif lorsque ça vire-vire, il est nerveux dans les relances, relativement stable dans les portions compliquées, c’est un vélo à tout faire. Le voyage à vélo est aussi dans ses cordes puisqu’il peut recevoir des sacoches. Seul bémol, au niveau du braquet, ceux qui ont des gros cuisseaux seront limités lorsqu’ils seront tout à droite, mais après tout, est-ce vraiment un vélo pour appuyer à se faire mal aux pattes ? À priori oui, tout du moins il est clairement accès performance en vue de sa géométrie. Mais on a le droit de ne pas toujours rouler à bloc. Le Dark Matter est confortable lorsque la route est défoncée ou encore sur les pavés, notamment en jouant avec la pression des pneus. Une belle surprise donc, idéale pour prendre du plaisir et s’amuser pendant cette période hivernale.
Côté budget, le kit cadre (cadre, fourche, tige de selle et jeu de direction) est à 1990€ et le vélo complet tel que présenté ici est à 3999€. On est dans du haut de gamme accessible.
La fiche technique :
Cadre : ARGON18 Dark Matter
Fourche : ARGON18 Dark Matter carbone
Tige de selle : ARGON18 27,2 mm carbone
Jeu de direction : FSA 30 + 3D 1” 1/8 - 1” 1/2
Boîtier de pédalier : FSA, BB press fit bb86/386
Groupe : SRAM Force 1x
Pédalier : FSA Gossamer, manivelles 172.5, 42 dents
Chaîne : FSA 11 vitesses
Cassette : SRAM pg1130 11/42 dents
Manettes / étriers de freins : SRAM Force 1db / Force hydro DB
Disques : SRAM SMC Centerlock (160mm à l’avant et 140mm à l’arrière)
Potence : FSA Omega Alu
Cintre : FSA NS Adventure Compact Alu
Selle : San Marco Aspide
Roues : Vision Team 30 Disc
Axe traversant : A18 DT Swiss (12mm x 119 à l’avant et 12mm x 161 à l’arrière
Pneus : KENDA 700x 35c
Prix : 3999 €
Couleur : Sable brillant
Plus d’infos sur le site Argon18 en cliquant ici ou chez ESM qui gère la distribution française en cliquant ici