Sunn sur les pistes de BMX ou sur les sentiers de VTT, ça, on connaît. Ce sont les terrains d'expression favoris de la marque française. La revoilà maintenant où on l'attend moins, c'est-à-dire sur la route, même si dans son histoire, elle a régulièrement proposé des vélos de route à son catalogue. C'est juste qu'avec le GP ("Grand Prix") dont on parle ici, elle se positionne sur une pratique sportive / compétition assumée, ce qui a été moins souvent le cas. Il n'y a pas si longtemps, on se souvient ainsi qu'elle avait sorti un produit "alternatif", le Spécial qui portait d'ailleurs plutôt bien son nom. Ni vraiment vélo de route, ni vraiment Gravel... bref, pas vraiment conventionnel et finalement peut-être un peu trop inclassable, il n'a visiblement pas trouvé son public...
Avec le GP, Sunn compte draguer les pratiquants résolument sportifs voire les compétiteurs.
Le GP affiche la couleur.
Cette fois donc, rien de tout cela : avec son cadre carbone en disques, le GP se veut taillé pour rouler vite sur le bitume. Sans autre forme de procès. Vu de loin, son allure ne se démarque pas réellement de certaines productions contemporaines. Mais quand on approche le regard plus près du vélo, on voit bien que Sunn n'a pas voulu faire exactement les choses comme les autres. La marque aime les lignes originales et les architectures un peu atypiques. Le GP s'inscrit dans cette logique identitaire un peu décalée avec des formes très anguleuses voire saillantes, notamment au niveau de la douille de direction. Autre exemple avec la jonction entre cette dernière et le tube diagonal où on observe ce "décrochage" peu commun (voir photos ci-dessous). Au-delà de l'effet esthétique recherché, cette construction baptisée "Wide Head Tube" est censée réduire les torsions et apporter un surcroît de rigidité.
Les formes un peu torturées de la douille de direction. Cela peut en rebuter certains mais ça a le mérite de l'originalité.
La jonction entre le tube diagonal et la douille de direction est atypique esthétiquement, elle doit également apporter plus de rigidité.
Si la proue du GP est particulière par certains aspects, la poupe ne manque pas non plus d'originalité. On note ainsi par exemple que les haubans, minimalistes et de forme triangulaire, ne viennent pas se ficher directement dans le tube vertical mais qu'une sorte de petit pont relie les deux parties. Ainsi Sunn mise sur un peu de "flex", notion toute relative sur un vélo de route certes, mais quand même... Il ne vous aura pas échappé non plus que le puits de selle qui nous invite à aller rouler (!) est spécial lui aussi et que couper le tube de selle s'avérera peut-être nécessaire afin qu'il ne dépasse pas à son extrémité, ce qui n'est en effet pour le coup pas très esthétique (voir photo ci-dessous). Ce n'est pas le cas du serrage, parfaitement intégré, qui repose sur un système d'expandeur.
Sur notre vélo de test, nous n'avons évidemment pas coupé le tube de selle pour éviter qu'il ne dépasse, mais une telle opération pourra s'avérer opportune si le GP est votre vélo perso.
Le serrage de selle est parfaitement intégré et robuste.
Le GP se dote par ailleurs logiquement d'un axe traversant de 12 mm et reçoit un disque de 140 mm au standard Flatmount.
Si certaines marques proposent plusieurs gammes de cadres pour un même modèle (jouant notamment sur le type de fibres utilisées), cela n'a pas été la logique de Sunn pour ce GP. Les trois versions du vélo (Factory, Finest et S1) reçoivent ainsi le même châssis en carbone. De construction carbone monocoque et basé sur une géométrie sportive (avec des bases de 410 mm notamment), il mixe des fibres Toray T800, T900 et T1000. La marque française l'annonce à un poids de 790 grammes "nu" et sans peinture (en taille M). Avec sa cosmétique et prêt à être monté, il s'affiche à 900 grammes environ, ce qui le place totalement dans le jeu par rapport à la concurrence. Notons d'ailleurs que Sunn décline son cadre dans cinq tailles différentes, de quoi trouver chaussure à son pied si on peut dire...
Sunn annonce le cadre de son GP à 900 grammes avec peinture et prêt à être monté.
La marque française propose donc trois montages pour son GP. Elle a eu le bon goût de soigner tout particulièrement le choix des roues et ce dès le modèle qui inaugure la gamme. Ainsi le S1 (à 2999 euros) reçoit-il déjà une paire de roues en carbone, ce qui est loin d'être la norme à ce niveau de prix. Si vous souhaitez découvrir les équipements des différentes versions, on ne saurait d'ailleurs trop vous conseiller d'aller faire un tour ICI. Pour notre part, on fait le tour du propriétaire en images de notre vélo de test, le GP Factory. Luxueux, vous imaginez bien...
Le GP Factory est équipé du groupe Sram Red eTAP AXS, ici avec un pédalier double en 50x37 dents (associé à une cassette 10x33). Celui-ci est tout simplement un régal pour les yeux.
Le dérailleur arrière Sram Red eTAP AXS.
Sunn a choisi les Mavic Cosmic Pro Carbon SL qui pèsent 1515 grammes.
Elles présentent un profil haut de 45 mm.
C'est même un train roulant 100 % Mavic qu'on retrouve ici puisqu'aux roues Cosmic Pro Carbon SL sont associés les pneus Yksion Pro UST en 25 mm de large et compatibles Tubeless.
Côté cockpit, Sunn a sélectionné le combo cintre / potence intégré Vision Metron 6D Carbon.
Prêt à fendre le vent...
Pareil pour la tige de selle, Sunn a encore fait appel à Vision avec ce modèle Metron (27,2 mm de diamètre) avec déport.
EN ROUTE...
Le GP Factory nous a accompagnés plusieurs semaines durant lesquelles nous avons pu le rouler sur des terrains et dans des conditions bien différents. Sorties courtes et rythmées, virées plus longues, avec plus ou moins de dénivelé, son menu fut pour le moins éclectique. De quoi tester sa polyvalence et bien sûr aussi son niveau de performance. Plutôt que de se lancer dans de longues digressions, on vous propose de parler du Sunn à travers deux sorties diamétralement opposées dans leur esprit...
Commençons par une de nos "classiques" du midi, en région parisienne. Une sortie bien rythmée d'une petite quarantaine de bornes à l'heure du déjeuner avec un profil plutôt plat. Dans ce registre, le GP Factory est un régal. Il n'est peut-être jamais aussi bon que lorsqu'on cale ses mains en bas du guidon et qu'on appuie fort sur les pédales. Le vélo "rend" remarquablement l'énergie qu'on lui donne. On a l'impression de ne pas perdre un seul watt en route. ça pulse fort et sans point faible : le cadre est parfaitement rigide et l'équipement est au diapason pour offrir le maximum de performance. Cela va du guidon, qui participe à cette impression de force brutale, aux roues, d'une efficacité redoutable une fois lancées. Quel régal d'entendre ce petit sifflement caractéristique quand on dépasse les 30 km/h et quel plaisir quand on flirte ou qu'on dépasse les 40, ce qui arrive plus souvent qu'on ne le croit avec ce GP. Clairement, ce vélo a des gènes d'aéro même s'il n'en est pas un...
Autre endroit, autre sortie. Retour au mois de février pour une sortie foncière sur les routes de Franche-Comté et du Jura suisse avec quelques belles bosses au programme. Des montées parfois relativement longues (près d'une demi heure pour certaines) et parfois également agrémentées de jolis pourcentages. S'il n'est pas un vrai grimpeur, le GP s'en sort plutôt honorablement quand la route s'élève. On parvient à prendre un rythme sans trop subir ni avoir la sensation de piocher ou de buter face à la pente. Quelques petites séquences en danseuse sont même parfaites pour relancer la machine, ce côté "punchy" du Sunn est bien agréable en la circonstance. Dans leur élément sur le plat ou dans des montées courtes, les Mavic se comportent elles plutôt bien dans de plus longues ascensions même si un profil bas serait forcément plus adapté. Sur ce type de sortie longue, on attendait un peu le GP au tournant si on ose dire. Eh bien si on ne peut pas dire qu'il est particulièrement confortable, il n'est pas excessivement exigeant non plus. Quand les watts viennent à manquer, il ne vous laisse pas planté en zig zag au milieu de la route. Seul l'avant du vélo reste très rugueux, cela tient peut-être au cadre mais aussi sans doute en partie au combo cintre / potence Vision raide comme la justice. En tout cas, les km défilant et sur des revêtements un peu dégradés, on a tendance à ressentir le moindre petit gravier qui dépasse. D'autant que les pneus de 25 ne laissent pas vraiment de place à plus de tolérance. Notons quand même au passage leur remarquable qualité de roulement et leur résistance, nous n'avons pas crevé une seule fois durant tout notre test et pourtant les routes étaient parfois loin d'être toutes propres cet hiver.
ALORS, VERDICT...
Étincelant sur le plat et sur des terrains moyennement vallonnés, le GP n'est pas dépassé pour autant lors de sorties à plus fort dénivelé. Outre ses qualités de performance, on retiendra donc aussi chez lui une certaine forme de polyvalence à laquelle on ne s'attendait pas forcément de prime abord. Le Sunn s'exprime sur des terrains finalement assez variés. Il représente aussi une alternative à l'offre des marques qui ont pignon sur rue sur la route. Un choix original qui ne manque pas d'atouts de séduction.
GÉOMÉTRIE
FICHE TECHNIQUE
Cadre : Carbon monocoque HM 8.0, axe 12x142 mm, BB86
Fourche : Carbon Disc TA, axe 12x100 mm
Dérailleur avant : Sram Red eTAP AXS
Dérailleur arrière : Sram Red eTAP AXS
Pédalier : Sram Red - 50x37 dts
Cassette : Sram XG1290 - 10x33 dts
Roues : Mavic Cosmic SL Carbon Disc
Pneus : Mavic Yksion Pro 25
Freins : Sram Red eTAP - 160 / 140 mm
Cintre : Vision Metron 6D Carbon 100
Tige de selle : Vision Metron SB20 Carbon (27,2 mm)
Selle : Fizik Antares R1
Prix : 7999 euros
Poids : 7,350 kg (sans pédales)